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LE COÛT ÉCONOMIQUE DU DJIHADISME

Rédigé par leral.net le Mercredi 9 Juillet 2025 à 00:35 | | 0 commentaire(s)|

Associés jusqu’ici aux pays sahéliens continentaux, ces groupes ont besoin de se financer, donc l’accès à la mer constitue pour eux une grosse opportunité d’étendre leurs activités criminelles comme le trafic d’armes et l’infiltration de combattants...

Le djihadisme, ce péril auquel sont confrontés des pays d’Afrique de l’Ouest et qui menace d’autres, a un coût économique immense souvent occulté par les confrontations entre armées régulières et terroristes.

Pour y faire face, il faut des moyens colossaux dont nos pays ne disposent pas. La presse sénégalaise s’est faite récemment l’écho des dernières attaques simultanées des djihadistes, à l’aube du mardi 1er juillet dernier, contre les positions des Forces armées maliennes dans plusieurs localités à l’ouest de ce pays voisin, notamment le poste frontière de Diboli, situé à moins de deux kilomètres de Kidira, au Sénégal. Cette progression inédite illustre encore une fois les ambitions expansionnistes de ces groupes armées en quête d’ouverture sur la façade Atlantique. C’est ainsi qu’on note leurs fréquentes incursions transfrontalières au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire.

Associés jusqu’ici aux pays sahéliens continentaux, ces groupes ont besoin de se financer, donc l’accès à la mer constitue pour eux une grosse opportunité d’étendre leurs activités criminelles comme le trafic d’armes et l’infiltration de combattants, la contrebande, la piraterie, l’accès aux infrastructures telles que les ports. Avec leur forte densité démographique et leurs intenses activités économiques, les façades maritimes constituent un immense marché pour leurs forfaits. Mais pour que le djihadisme puisse étendre ses tentacules, il a besoin d’un terreau fertile que sont les conditions socioéconomiques des populations. Le fléau prospère plus facilement dans les zones où sévissent la pauvreté, le chômage des jeunes, l’inexistence de débouchés économiques, l’analphabétisme, l’ignorance…

Se présentant dans les habits d’alternatives crédibles, les djihadistes vendent leur projet de société et leur idéologie d’un islam radical pour mieux endoctriner et recruter leurs cibles souvent jeunes. Donc enrayer le fléau passe par la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Une fois en expansion, il devient très difficile de contenir le problème et ses déflagrations sur l’économie d’un pays. L’insécurité fait fuir les investisseurs, oblige les entreprises déjà établies à investir de fortes sommes dans la sécurité de leurs opérations, ce qui a un impact négatif sur leur rentabilité. À côté du coût humain, les attaques djihadistes désorganisent la circulation des personnes et des biens, perturbent les chaînes d’approvisionnement en ciblant les grands axes de communication ou en détruisant les infrastructures.

L’agriculture et l’élevage sont déstructurés par la violence des djihadistes qui poussent les ruraux à fuir leurs terroirs, aggravant l’insécurité alimentaire. Les États sont ainsi obligés de consacrer une bonne partie de leurs maigres ressources à des dépenses militaires pour assurer leur sécurité, au détriment de secteurs tels que la santé, l’éducation et les autres services sociaux. Un pays comme le Burkina Faso est obligé de prioriser la défense et la sécurité pour renforcer son arsenal militaire.

Ce qui l’a obligé à consacrer 27% de son budget 2025 (qui s’élève à 3.149,8 milliards de FCfa) à ces rubriques. Face à une menace transfrontalière, il est illusoire de venir à bout du problème sans une coopération renforcée entre États. Mettant de côté leurs divergences, les pays de l’Alliance des États du Sahel et ceux de la Cedeao, ont convenu, en mars dernier à Bamako, d’agir ensemble pour lutter contre le terrorisme.

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Alioune


Source : https://www.seneplus.com/opinions/le-cout-economiq...