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La nébuleuse des appartements meublés à Dakar: derrière les rencards torrides, un business lucratif

Rédigé par leral.net le Lundi 20 Janvier 2025 à 08:48 | | 0 commentaire(s)|

La prolifération d'appartements meublés est devenue une réalité incontestable ces dernières années au Sénégal. Dans la capitale sénégalaise et à Mbour, ces logements sont presque omniprésents, au grand bonheur des investisseurs qui y trouvent leur gagne-pain. Cependant, les récents scandales, notamment celui de Ngor Almadies où S. Diallo, gérant d’un appartement meublé, avait dissimulé des caméras de surveillance dans les chambres pour filmer ses clients à leur insu, relancent le débat sur la gestion et la régulation de ces appartements à Dakar.

 

Location d’appartements meublés à Dakar : Un business lucratif

 

Inspirés du modèle des maisons d’hôtes, certains bailleurs préfèrent louer des logements entièrement équipés, moyennant des sommes variant entre 10 000, 15 000 et 25 000 FCFA selon la durée du séjour. À Dakar et dans la Petite Côte, la demande est en constante augmentation. Ces appartements attirent une clientèle variée composée de touristes, de personnalités ou encore de jeunes mariés.

 

Gérant d’un immeuble R+5 aux Almadies, un interlocuteur ayant requis l’anonymat confirme la rentabilité de ce secteur.

 

"J’avoue que c’est un business qui marche bien à Dakar. Je reçois beaucoup de clients par jour. Si je fais le cumul des recettes, je peux verser jusqu’à 5 millions de francs CFA par mois à mon patron. Pour la journée, nous louons une chambre avec salle de bain à 20 000 francs CFA. Pour la nuit, c’est 30 000 francs. Mais pour un appartement ou un studio, les prix sont plus élevés", confie le manager.

 

Il précise également que la résidence est équipée d’une piscine, de gardiens, de femmes de ménage et de cuisiniers pour offrir des services similaires à ceux des grands hôtels. "Mais nous n’acceptons pas les mineurs. Une pièce d’identité est obligatoire pour être accepté dans nos locaux", ajoute-t-il.

 

Interrogé sur le scandale de Ngor, le gérant déplore une situation qu’il qualifie de "désolante".

 

"Cela ternit l’image des gérants d’appartements et peut briser la confiance des clients, ce qui est très préjudiciable pour notre activité", regrette-t-il.

 

Le marché parallèle des appartements meublés

 

Un autre acteur, un émigré établi en Italie, qui loue des appartements à Dakar et à Saly, avoue ne pas avoir formalisé ses biens immobiliers en raison de procédures jugées complexes.

 

"Je confie mes appartements à des personnes de confiance. Les agences immobilières imposent des frais excessifs et les courtiers prennent des commissions trop élevées. J’ai donc opté pour une gestion directe via les réseaux sociaux, et cela fonctionne", explique-t-il.

 

Cependant, il plaide pour un allègement des procédures de formalisation, estimant que les exigences actuelles dissuadent de nombreux promoteurs.

 

Régulation des appartements meublés : un enjeu urgent

 

Malgré l’arrêté n°14 887 du 17 août 2017 visant à simplifier les conditions d’ouverture et d’exploitation des appartements meublés, de nombreux propriétaires opèrent encore dans l’illégalité. Ce marché noir est souvent le théâtre d’incidents, notamment liés à la consommation de drogue ou à des actes délictueux.

 

Mouhamed Diop, directeur des affaires juridiques de la Commission de Protection des Données Personnelles (CDP), rappelle que filmer une personne à son insu constitue une violation de la loi.

 

"Les sanctions pour collecte illicite de données peuvent aller de six mois à deux ans de prison, avec une amende de 500 000 à 10 millions de francs CFA", prévient-il.

 

Du point de vue du tourisme, Hélène Christine Diouf, professeure en hôtellerie et tourisme, souligne que ces scandales ternissent l’image de la destination Sénégal.

 

"Ce qui s’est passé à Ngor risque d’installer une rupture de confiance entre les touristes et la destination Sénégal. Il est impératif que les autorités travaillent à une meilleure réglementation du secteur", affirme-t-elle.

 

Enfin, M. Diop, sociologue à l’Université Gaston Berger, alerte sur les répercussions sociales : "Ces appartements contribuent à la dégradation des mœurs et à la dislocation des familles. Le scandale de Ngor, avec ses vidéos compromettantes, montre combien ces pratiques peuvent briser des ménages et détruire des réputations", conclut-il.

 

Les démarches pour louer légalement un appartement meublé

 

Pour formaliser un projet d’hébergement touristique, M. Mbodj, juriste spécialisé en immobilier, rappelle les exigences de l’arrêté n°14 887 du 17 août 2017.

 

"Il faut une lettre adressée au ministre chargé du tourisme, indiquant l’enseigne, l’adresse exacte de l’établissement, le nom et l’adresse du propriétaire, ainsi que les statuts légalisés de la société, entre autres documents", explique-t-il.

 

 

 
 
 



Source : https://senemedia.com/annonce-78196-la-nbuleuse-de...