Aux derniers Jeux olympiques (JO), je disais « Un athlète africain qui gagne au JO est plus qu'un champion, c'est un héros ». La même assertion s’applique au football mondial. Il relève d’un miracle qu’une équipe africaine l’emporte. L’histoire se répète. En dehors du Cameroun et du Sénégal qui ont eu à goûter à un quart de finale de la coupe du monde, aucune autre équipe du continent n’a franchi les huitièmes de finale. Elles sont souvent éliminées après leurs trois matchs.
En Russie 2018, aucune surprise, les équipes africaines, comme à l’accoutumée, ont subi une rafale de raclées dès le premier tour. Par contre à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie, les mêmes équipes qui remportent la Coupe du monde depuis sa création sont toujours en lice. Donc, il n’y a rien de nouveau dans le monde du ballon rond. Mais on constate une flambée de commentaires fusant dans tous les sens.
Alors pourquoi tant de débats, tant de passions, tant de critiques parfois très sévères et négatives envers le coach et les joueurs? Je me pose beaucoup de questions. Existe-t-il un pays africain assez bien préparé pour mériter de gagner la Coupe du monde? Sommes-nous assez naïfs pour penser qu’à l’état actuel des relations internationales, la FIFA accepterait que la coupe aille dans un pays africain? La participation à la Coupe du monde ne serait-elle pas une perte de temps pour les Africains?
Je présume de la bonne foi des joueurs et du coach. Je crois sincèrement qu’ils ont déployé le maximum d’efforts que leurs possibilités physiques et intellectuelles leur permettaient. Aujourd’hui, force est de reconnaître que l’Afrique est défavorisée dans ce championnat mondial. Les équipes du vieux continent ne sont pas sur un pied d’égalité avec les autres et butent sur de nombreuses embûches.
D’abord un problème d’infrastructureq :
J'ai eu la chance de visiter quelques infrastructures sportives dans de grands pays comme le Canada et la France. Elles sont optimisées, taillées sur mesure pour fabriquer de solides et performants athlètes prêts pour la haute compétition.
Les jeunes sont repérés et sélectionnés en bas âge puis mis dans les meilleures conditions pour décrocher des médailles olympiques ou championnats mondiaux. Ces conditions, comparées à celles dans nos pays, nous font passer pour de véritables plaisantins. Nous n'avons ni les infrastructures adéquates ni l'encadrement nécessaire et nous voulons gagner, c.-à-d. égaler les performances mondiales. Le talent brut ne suffit pas, il faut aussi les moyens.
Même si cet obstacle est de plus en plus surmonté avec la présence et la formation de jeunes africains dans les grands championnats européens, de nombreux autres défis restent à relever.
Ensuite la myopie de la FIFA :
Les règlements de la FIFA sont toujours en faveur de certains pays. Guy Roux disait suite au penalty non accordé au Sénégal, « Les équipes africaines se font voler tous les quatre ans». De tels propos, formulés par une sommité du football de sa trempe, me laissent perplexe. Ils soulèvent l’injustice que subissent les pays sous-développés dans le sport. Ce n’est donc pas la première fois que de telles décisions malhonnêtes frappent nos équipes africaines.
Il y a toujours une voix inaudible qui souffle dans l’oreille de l’arbitre pour le contraindre à accorder ou annuler un penalty, tout en feignant de faire recours à l’assistance vidéo (VAR) en guise de bonne foi. Cela veut dire que la FIFA reste myope et muette face à de tels agissements tant que la victime est du bon côté. À la suite des critiques à l’endroit de Mr Geiger, l’arbitre américain du match Maroc-Portugal, la FIFA a volé au secours de ce dernier en publiant un communiqué balayant ainsi toutes les accusations.
Et enfin un problème économique :
Au-delà du jeu, la Coupe du monde revêt un enjeu majeur. Elle donne à son détenteur, l’impression d’une certaine suprématie sur les autres nations. Dans les consciences, l’Allemagne, pour avoir atteint des niveaux avancés dans la compétition et l’avoir emporté plusieurs fois, sonne comme une nation puissante. Or les anciens colonisateurs s’organisent toujours pour donner au monde l’image d’une Afrique fatiguée, pauvre et qui a besoin de leur assistance pour continuer d’exister. Les Français étaient pires que des poules mouillées quand ils ont perdu leur match contre le Sénégal en 2002. C’était le traumatisme.
Contrairement aux apparences, le classement à la Coupe du monde a une signification autre que celle des supporters. Il agit sur le moral des peuples.
Les Africains doivent arrêter de rêver et se tourner résolument vers la quête de leur indépendance économique. Celle-ci passe par le travail acharné. J’ai été sidéré de voir un jeune charlatan dans les gradins du stade en Russie. J’ose espérer que la fédération de football n’a pas payé son billet, en pensant qu’il peut booster mystiquement les performances de nos joueurs et nous donner la victoire. Nous n’irons nulle part avec ces pratiques occultes et incertaines. En sport comme en toute autre chose, rien n’est donné d’avance. Tout s’arrache au prix d’une grande constance dans le travail.
Je pense que les pays africains doivent momentanément suspendre leur participation aux jeux mondiaux ou limiter leur participation à certaines disciplines comme la course à pied. Ça ne sert à rien d’aller dans une guerre dont on est sûr d’avance, qu’on ne la remportera pas.
Même s'il est indéniable que comme peuple, nous avons des hommes et des femmes talentueux et compétents, il faut simplement se rendre à l'évidence que la faiblesse de nos états est une entrave à nos chances de succès aux jeux mondiaux.
On me dira que la participation donne de la visibilité au pays, laquelle peut attirer des touristes. C’est vrai, mais il faut aussi travailler à rendre nos pays si accueillants que les touristes qui y viennent, repartent avec l’intention de revenir un jour. Nous sommes loin des normes en matière d’assainissement, de sécurité des biens et des personnes. C’est donc là qu’il faut se focaliser avant de faire venir des touristes. Le Rwanda l'a bien compris. Il n’est certes pas qualifié au Mondial mais aujourd’hui il brille par ses performances en termes de développement.
L'heure n'est pas aux jeux pour nos pays africains, elle est plutôt au travail, à la construction de nations dignes, respectables et surtout souveraines. Sachons choisir nos combats, autrement, nous serons fréquemment ridiculisés devant le monde. Ces défaites sportives ont un impact direct sur la réputation de nos pays. Elles entachent notre respectabilité.
BABACAR BA
Auteur de Leurres et lueurs de l’émigration et de Amours insoumises
Courriel : babacar_ba@yahoo.fr
En Russie 2018, aucune surprise, les équipes africaines, comme à l’accoutumée, ont subi une rafale de raclées dès le premier tour. Par contre à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie, les mêmes équipes qui remportent la Coupe du monde depuis sa création sont toujours en lice. Donc, il n’y a rien de nouveau dans le monde du ballon rond. Mais on constate une flambée de commentaires fusant dans tous les sens.
Alors pourquoi tant de débats, tant de passions, tant de critiques parfois très sévères et négatives envers le coach et les joueurs? Je me pose beaucoup de questions. Existe-t-il un pays africain assez bien préparé pour mériter de gagner la Coupe du monde? Sommes-nous assez naïfs pour penser qu’à l’état actuel des relations internationales, la FIFA accepterait que la coupe aille dans un pays africain? La participation à la Coupe du monde ne serait-elle pas une perte de temps pour les Africains?
Je présume de la bonne foi des joueurs et du coach. Je crois sincèrement qu’ils ont déployé le maximum d’efforts que leurs possibilités physiques et intellectuelles leur permettaient. Aujourd’hui, force est de reconnaître que l’Afrique est défavorisée dans ce championnat mondial. Les équipes du vieux continent ne sont pas sur un pied d’égalité avec les autres et butent sur de nombreuses embûches.
D’abord un problème d’infrastructureq :
J'ai eu la chance de visiter quelques infrastructures sportives dans de grands pays comme le Canada et la France. Elles sont optimisées, taillées sur mesure pour fabriquer de solides et performants athlètes prêts pour la haute compétition.
Les jeunes sont repérés et sélectionnés en bas âge puis mis dans les meilleures conditions pour décrocher des médailles olympiques ou championnats mondiaux. Ces conditions, comparées à celles dans nos pays, nous font passer pour de véritables plaisantins. Nous n'avons ni les infrastructures adéquates ni l'encadrement nécessaire et nous voulons gagner, c.-à-d. égaler les performances mondiales. Le talent brut ne suffit pas, il faut aussi les moyens.
Même si cet obstacle est de plus en plus surmonté avec la présence et la formation de jeunes africains dans les grands championnats européens, de nombreux autres défis restent à relever.
Ensuite la myopie de la FIFA :
Les règlements de la FIFA sont toujours en faveur de certains pays. Guy Roux disait suite au penalty non accordé au Sénégal, « Les équipes africaines se font voler tous les quatre ans». De tels propos, formulés par une sommité du football de sa trempe, me laissent perplexe. Ils soulèvent l’injustice que subissent les pays sous-développés dans le sport. Ce n’est donc pas la première fois que de telles décisions malhonnêtes frappent nos équipes africaines.
Il y a toujours une voix inaudible qui souffle dans l’oreille de l’arbitre pour le contraindre à accorder ou annuler un penalty, tout en feignant de faire recours à l’assistance vidéo (VAR) en guise de bonne foi. Cela veut dire que la FIFA reste myope et muette face à de tels agissements tant que la victime est du bon côté. À la suite des critiques à l’endroit de Mr Geiger, l’arbitre américain du match Maroc-Portugal, la FIFA a volé au secours de ce dernier en publiant un communiqué balayant ainsi toutes les accusations.
Et enfin un problème économique :
Au-delà du jeu, la Coupe du monde revêt un enjeu majeur. Elle donne à son détenteur, l’impression d’une certaine suprématie sur les autres nations. Dans les consciences, l’Allemagne, pour avoir atteint des niveaux avancés dans la compétition et l’avoir emporté plusieurs fois, sonne comme une nation puissante. Or les anciens colonisateurs s’organisent toujours pour donner au monde l’image d’une Afrique fatiguée, pauvre et qui a besoin de leur assistance pour continuer d’exister. Les Français étaient pires que des poules mouillées quand ils ont perdu leur match contre le Sénégal en 2002. C’était le traumatisme.
Contrairement aux apparences, le classement à la Coupe du monde a une signification autre que celle des supporters. Il agit sur le moral des peuples.
Les Africains doivent arrêter de rêver et se tourner résolument vers la quête de leur indépendance économique. Celle-ci passe par le travail acharné. J’ai été sidéré de voir un jeune charlatan dans les gradins du stade en Russie. J’ose espérer que la fédération de football n’a pas payé son billet, en pensant qu’il peut booster mystiquement les performances de nos joueurs et nous donner la victoire. Nous n’irons nulle part avec ces pratiques occultes et incertaines. En sport comme en toute autre chose, rien n’est donné d’avance. Tout s’arrache au prix d’une grande constance dans le travail.
Je pense que les pays africains doivent momentanément suspendre leur participation aux jeux mondiaux ou limiter leur participation à certaines disciplines comme la course à pied. Ça ne sert à rien d’aller dans une guerre dont on est sûr d’avance, qu’on ne la remportera pas.
Même s'il est indéniable que comme peuple, nous avons des hommes et des femmes talentueux et compétents, il faut simplement se rendre à l'évidence que la faiblesse de nos états est une entrave à nos chances de succès aux jeux mondiaux.
On me dira que la participation donne de la visibilité au pays, laquelle peut attirer des touristes. C’est vrai, mais il faut aussi travailler à rendre nos pays si accueillants que les touristes qui y viennent, repartent avec l’intention de revenir un jour. Nous sommes loin des normes en matière d’assainissement, de sécurité des biens et des personnes. C’est donc là qu’il faut se focaliser avant de faire venir des touristes. Le Rwanda l'a bien compris. Il n’est certes pas qualifié au Mondial mais aujourd’hui il brille par ses performances en termes de développement.
L'heure n'est pas aux jeux pour nos pays africains, elle est plutôt au travail, à la construction de nations dignes, respectables et surtout souveraines. Sachons choisir nos combats, autrement, nous serons fréquemment ridiculisés devant le monde. Ces défaites sportives ont un impact direct sur la réputation de nos pays. Elles entachent notre respectabilité.
BABACAR BA
Auteur de Leurres et lueurs de l’émigration et de Amours insoumises
Courriel : babacar_ba@yahoo.fr