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"Tanor respectera-t-il le verdict en 2012 ?", s'interroge Moustapha GUIRASSY

Moustapha Guirassy, ministre de la Communication, des Télécommunications et des Technologies de l’information, Porte-parole du gouvernement se demande, dans l’entretien qui suit, si Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste (Ps, opposition), respectera le verdict des urnes au cours de l’élection présidentielle de 2012. Guirasy réagit à la récente position exprimée par Ousmane Tanor Dieng, félicitant Laurent Gbagbo, alors que ce dernier n’est pas reconnu vainqueur à la présidentielle ivoirienne du 28 novembre dernier par une bonne partie de la communauté internationale, mais aussi la Commission électorale indépendante de ce pays. Remettant en question le caractère républicain de l’opposant Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Guirassy aborde plusieurs autres aspects dont notamment l’organisation de primaires au Pds, également revendiquée par Idrissa Seck pour l’élection présidentielle de 2012.


Rédigé par leral.net le Dimanche 12 Décembre 2010 à 10:19 | | 2 commentaire(s)|

"Tanor respectera-t-il le verdict en 2012 ?", s'interroge Moustapha GUIRASSY
Le Parti socialiste a, par les voix de Me Jacques Baudin et Ousmane Tanor Dieng, félicité et apporté son soutien à Laurent Gbagbo qu’ils considèrent être le vainqueur de la présidentielle ivoirienne. Quelle est votre réaction ?

C’est l’arroseur arrosé. Nous aurions été tentés d’adopter une réaction amusée, si la situation n’était pas aussi sérieuse en Côte d’Ivoire. Cette position est celle du Parti socialiste et elle est effarante. Par des contorsions sémantiques, on essaie maintenant de nous faire croire que leurs propos n’engagent pas le Ps. Ce n’est pas sérieux. Jacques Baudin en est le chargé des Relations internationales et Ousmane Tanor Dieng en est le Secrétaire général. Cette position du Ps sénégalais est légère, antidémocratique et à contre-courant du sens de l’histoire. Il est amusant qu’elle nous vienne d’un parti qui a voulu nous donner des leçons de démocratie lorsque Me Abdoulaye Wade, en sa qualité de président de l’Internationale libérale et entre les deux tours de la présidentielle ivoirienne, a reçu M. Alassane Ouattara. Elle est déplorable, car elle nous vient d’un parti, le Ps, qui prétend présider, à nouveau, aux destinées des Sénégalais. Tanor Dieng s’oppose à la volonté majoritaire des Ivoiriens et met en danger la tranquillité des citoyens sénégalais résidant en Côte d’Ivoire. Ce n’est pas responsable, pour un dirigeant politique de sa trempe.

Le Ps soutient pourtant que cette position de Me Baudin et d’Ousmane Tanor Dieng n’engage pas son parti et que c’est l’expression de la démocratie interne de sa formation politique. Que vaut cette explication pour vous ?

Il est impossible d’accorder du crédit à cette explication, étant donné que la déclaration en question provient du plus haut responsable de ce parti. De surcroît, ce serait grave si la position du chef du Ps n’était pas la position de son parti. Ce serait là un désaveu cinglant apporté à Tanor Dieng par son parti. L’argument de la prétendue démocratie interne pour tenter un distinguo entre la position du Ps et celle de son Secrétaire général est très léger. C’est de l’équilibrisme et cela ne peut pas prospérer. Sous Tanor, il n’y a pas de démocratie interne au Ps : les militants de ce parti veulent discuter des élections primaires au sein du Ps pour la présidentielle de 2012.

Aïssata Tall Sall a, maintes fois, interpellé les responsables du Ps, dont Tanor, sur cette question des primaires. Tous font la sourde oreille. Il n’y a pas de démocratie interne au Ps. Ce qui s’y passe aujourd’hui, c’est la continuation de leur fameux congrès sans débat de 1996. Ils avaient tous mis des œillères pour mettre Tanor en selle. Le Ps est toujours dans cette cécité antidémocratique. C’est d’ailleurs ce qui a poussé son mentor, Abdou Diouf, à s’empresser de rendre publique la victoire de Me Wade à la présidentielle de 2000. M. Diouf avait évité d’en avertir Tanor Dieng, qui était alors son plus proche collaborateur. Aujourd’hui, nous savons tous pourquoi.

L’ancien président ne pouvait pas prendre de risques, face aux pompiers pyromanes du Ps. Concernant Tanor Dieng, personne au Sénégal n’a oublié la triste réputation dont il jouissait en 2000. Si M. Diouf l’avait mis dans la confidence en 2000, Tanor se serait sans nul doute abrité derrière des arguties légalistes pour confisquer la légitimité populaire sortie des urnes. Pour en revenir à la situation ivoirienne, les explications alambiquées selon lesquelles le Ps se prononcera après son Bureau politique de ce mercredi, 10 jours après les résultats de l’élection qui donne M. Ouattara victorieux, sont simplement ridicules.

Pourquoi qualifiez-vous cette approche de la situation ivoirienne par le Ps de ridicule ?

Mais parce que le Secrétaire général du Ps a été aux premières loges de cette élection ivoirienne, en tant qu’ami de Gbabgo, auprès de qui il a battu campagne. Son devoir d’ami était donc de lui demander de respecter le verdict des urnes. Mieux, il était mieux de le lui demander en premier, avant tout le monde. Ses homologues du Ps français l’ont d’ailleurs bien compris, et Jack Lang a appelé M. Gbagbo à transmettre le pouvoir à son successeur.

Dites-moi, après que le monde entier a fini de reconnaître le président élu, M. Ouattara, quelle originalité peut avoir aujourd’hui une déclaration du Ps sur cette question autre que d’être un texte qui cherchera à ménager la chèvre et le chou, tout en reconnaissant la victoire d’Alassane Ouattara ? Non, je pense plutôt que M. Tanor Dieng poursuit un agenda personnel, qui n’est pas forcément celui du Ps, où je connais des personnes respectables et responsables. Heureusement qu’en 2000, M. Abdou Diouf a eu l’élégance et la dignité, dans un sursaut patriotique, de prendre les devants pour empêcher Tanor de succomber à la tentation du totalitarisme légalisé. J’en profite pour saluer la position sans équivoque du Secrétaire général de la Francophonie sur la Côte d’Ivoire, qui a condamné fermement la démarche solitaire du président sortant ivoirien.

En conséquence, vous contestez donc la légalité de la décision du Conseil constitutionnel ivoirien qui a proclamé la victoire de M. Laurent Gbagbo ?

En ma qualité de porte-parole du Gouvernement, ce que je peux vous dire, c’est que la position de l’Etat du Sénégal et de ses autorités est de se rallier aux conclusions et positions exprimées par la Cedeao, l’Union africaine et l’Onu. Ce que je peux également vous dire sur cette question, sans singulariser outre mesure le Sénégal dans ce débat déjà tranché par la Communauté internationale, c’est que la loi ne peut être au-dessus de l’Etat de droit. Il est impératif que la légalité et la légitimité ne fassent qu’un.

Vous parlez d’un agenda personnel de M. Tanor Dieng. Qu’entendez-vous là ?

J’observe tout simplement que M. Dieng n’a d’autre activité professionnelle connue que de parcourir le monde, depuis 2000, en qualité de consultant pour l’Internationale socialiste. Pourquoi, sinon pour récolter ainsi des financements et des soutiens de présidents socialistes pour sa propre candidature en 2012 et légitimer son leadership au Ps sans passer par la base ? On peut, dès lors, comprendre son dépit, par rapport à la situation de son camarade socialiste Laurent Gbabgo. Les vieux réflexes de Tanor Dieng sont de puiser dans ses expériences désastreuses du passé pour tenter de les passer à la blanchisserie de l’histoire et pour conserver un leadership qui ne lui est pas reconnu ipso facto au Ps.

Le juridisme de mauvais aloi de M. Tanor Dieng et les expériences auxquelles il s’est livré sur le peuple sénégalais, par le passé, ont été désastreux. D’abord pour le pays et la démocratie, en 1993, quand le président du Conseil constitutionnel, l’honorable Kéba Mbaye, a démissionné pour ne pas proclamer des résultats contestables que le Ps a tout de même fait passer en force. Elles ont été désastreuses pour la démocratie interne de son parti, en 1996, le Ps que Tanor a fait imploser pour y être le dauphin d’Abdou Diouf. Rappelez-vous les départs successifs de Djibo Ka, de Moustapha Niasse. Voyez aussi les départs de Robert Sagna et de Souty Touré qui restent Socialistes. Ils sont partis fonder leurs partis, parce que Tanor Dieng les a traités avec ostracisme et sacrifiés sur l’autel de ses ambitions au Ps.

A la lumière de ses récentes déclarations et des félicitations empressées qu’il a adressées à M. Gbagbo, il y a tout lieu de s’alarmer, d’ores et déjà, des troubles que pourrait occasionner M. Tanor Dieng avant, pendant et après les prochaines élections présidentielles de 2012. C’est un signal inquiétant.

Ainsi, vous remettez en question le caractère républicain de l’opposant Tanor Dieng ?

Absolument. J’ai là quelques manchettes de journaux qui reprennent des déclarations guerrières de Tanor. « Tout ce qui affaiblit Wade est à prendre », « Si Wade veut la guerre, qu’il nous le dise », « le peuple a tourné le dos à Me Wade ». De plus, il s’empresse de dénier toute légitimité aux différents dispositifs mis en place pour l’élection présidentielle de 2012. Il nous annonce la rédaction d’une Constitution en octobre ? Mais quelle est la légitimité d’une opposition non parlementaire pour ce qui est de concocter des lois, a fortiori la loi fondamentale ?

Après avoir fait courir le bruit que l’Union européenne ne participait pas à l’audit du fichier, ce sont les mêmes qui veulent en boycotter les travaux. Le Conseil constitutionnel ivoirien trouve grâce à ses yeux lorsqu’il proclame son camarade socialiste Gbagbo vainqueur, dans un délai record, moins de vingt-quatre heures après que la Commission électorale indépendante lui a transmis ses résultats. En revanche, le Conseil constitutionnel sénégalais est chargé de tous les péchés, avant même d’avoir posé un quelconque acte en ce qui concerne l’élection de 2012.

Le président Wade a rendu publique la date officielle de la prochaine élection et Tanor s’en émeut. Cette démarche de Tanor est suspecte. Il faut croire qu’il ne veut aller à des élections que s’il est assuré de les gagner. C’est trop facile. La casquette de républicain dont il s’est prévalu pendant longtemps, il faut bien croire qu’il l’a jetée. Là encore, je dois le dire, Tanor n’est pas à la hauteur du flambeau qui lui a été transmis par l’ex président Diouf.

Seriez-vous en train de mettre en porte-à-faux le président Diouf et Tanor Dieng ?

Tanor Dieng s’est mis tout seul en porte-à-faux avec l’ancien président Diouf. Et plutôt deux fois qu’une. Abdou Diouf a exprimé une position de démocrate et de républicain sur la situation ivoirienne. Cette position est diamétralement opposée à celle de Tanor. Avant cela, lors des législatives de 2007 boycottées par le Ps, le président Diouf a quand même tenu à sacrifier à son devoir civique, à l’ambassade du Sénégal à Paris. De plus, quand on parle d’un éventuel soutien de l’ancien président Diouf à un candidat pour la présidentielle de 2012, on cite beaucoup de personnalités, Jacques Diouf, Lamine Diack, etc. Mais remarquez que l’on ne cite jamais Tanor Dieng.

Il faut aussi noter qu’Abdou Diouf a fini par se décharger de ses fonctions de président d’honneur du Ps. Tanor n’a pas l’esprit républicain et démocrate dont n’a cessé de faire montre le président Diouf. Ce n’est pas déchoir que de saluer les qualités d’un adversaire ou d’un ancien adversaire. Récemment encore, M. Abdou Diouf, n’en déplaise à Tanor, a déclaré que le président Wade est un grand démocrate. Je me contente donc de le constater, avec tout le monde, dont de grands responsables du Ps. Ousmane Tanor Dieng semble avoir déçu les attentes placées en lui.

Qu’en est-il de la démocratie interne au Parti démocratique sénégalais ? Idrissa Seck vous a appelés à éviter également« le syndrome Ps » …

Il n’y a pas et il n’y aura pas de « syndrome Ps » au Parti démocratique sénégalais. Nous sommes prémunis. Les seuls qui doivent redouter le « syndrome Ps », c’est le Parti socialiste lui-même, héritier du congrès sans débat. Le Pds a une pratique éprouvée du débat interne, depuis le temps où il se trouvait dans l’opposition. La démocratie interne s’est renforcée, depuis dix ans que le Pds exerce les plus hautes responsabilités dans ce pays.

Le président Abdoulaye Wade est un intellectuel, un homme d’Etat et un praticien du droit, pour lequel le débat ne peut qu’être fécond. Tout ce que nous demandons, c’est que le débat soit constructif. Le retour d’Idrissa Seck dans les rangs du Parti démocratique sénégalais avait été apprécié comme il se doit, en son temps. En ce qui concerne le récent débat sur la candidature du président Wade à la présidentielle de 2012, ce débat a été tranché de façon démocratique. Ce n’est pas un congrès sans débat. Il n’y a pas eu d’exclusion de quelque contestataire que ce soit au Pds. Il n’y a pas eu d’excommunication, non plus. La main reste tendue en direction de ceux qui sont partis d’eux-mêmes, y compris Macky Sall.

La démocratie, c’est aussi de savoir se ranger derrière la majorité, après qu’on vous a donné l’occasion d’exprimer votre différence. L’esprit d’équipe fait aussi partie du leadership, surtout pour ceux qui aspirent à des hautes charges. Nous n’attendons pas autre chose d’Idrissa Seck qu’un soutien clair et affirmé à la candidature d’Abdoulaye Wade, pour sa réélection en 2012. Ce serait cohérent avec l’appartenance tant revendiquée d’Idrissa Seck, et ce serait conforme au résultat démocratique du débat inclusif que nous avons organisé.

Qu’en sera-t-il de l’organisation de primaires au Pds, qui est également revendiquée par Idrissa Seck pour l’élection présidentielle de 2012 ?

Postuleriez-vous que l’organisation de primaires est le seul mode de désignation démocratique du candidat d’un parti ? Pour ma part, je le conteste. Beaucoup de raisons nous permettent de réfuter la pertinence de primaires. Tout d’abord, il y aura un président sortant. C’est le président Abdoulaye Wade. Il est rééligible et il est officiellement candidat à sa propre réélection. Pour cela, il a la confiance du Comité directeur du Pds qui l’a investi, ainsi que de la Cap 21 et de l’Ast. Cela vaut amplement des primaires.

Il nous faut éviter la dictature de la pensée unique. Un candidat à la présidentielle, c’est avant tout la rencontre d’une vision claire, d’un projet partagé et d’une personnalité consensuelle. Les trois dimensions sont indissociables. Les élections primaires, c’est pour les partis qui n’ont pas la chance de disposer d’un candidat naturel, incontestable et à même de rallier le plus de suffrages des citoyens pour leur formation. Ce n’est pas notre cas. A cet égard, il n’est pas anecdotique de rappeler que lors de l’élection de 2000, c’est un Bureau politique du Pds qui a été transformé en congrès extraordinaire, sous la présidence d’Idrissa Seck, pour investir Me Abdoulaye Wade en tant que candidat, alors que celui-ci était absent du pays.

D’où nous vient cette mode des élections primaires ? Elle nous vient du Ps français qui, en 2002, n’avait plus de leader naturel, après le renoncement inopiné de Lionel Jospin à la vie politique. Du coup, en 2007, ils ont importé cette création du système politique américain, qui est tout à fait différent du nôtre, pour départager les candidats socialistes français à la présidentielle. Allez demander au Ps sénégalais ou à Bennoo s’ils veulent organiser des primaires ? Même eux n’en veulent pas, ils veulent recourir au consensus. Quant à multiplier les candidatures à la présidentielle dans notre camp, ce n’est pas non plus une option envisageable. Cela ne servira qu’à éparpiller les voix de notre candidat, qui est le président Me Abdoulaye Wade. Notre objectif reste et demeure sa réélection, dès le premier tour. Nous y sommes parvenus en 2007. Nous y parviendrons en 2012. Incha Allah !



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1.Posté par zotto le 12/12/2010 11:13 | Alerter
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tanor felicite gbagbo car le conseil constitutionel reconnait ce dernier comme vainqueur de l'election presidentielle
et pour le secretaire du ps meme si son camarade socialiste ivoirien n'est pas legitime est legal quand meme
n'oublions pas aussi en france françois hollande soutient gbagbo et le reconnait comme le president de la cote d'ivoire

2.Posté par tiély le 13/12/2010 14:11 | Alerter
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hey tchi xalissou PS ngua tékiwé sa baay tchi ps la amé léép.
donc ne nous emmerde pas tu est loin de pouvoir nous donner des leçons.

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