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[VIDEO] Ousmane Sembène, l’homme du refus raconté par son biographe

Rédigé par leral.net le Mercredi 10 Juin 2009 à 03:37 | | 0 commentaire(s)|

Dakar, 9 juin (APS) - Ousmane Sembène aura toute sa vie durant incarné l’image d’un homme engagé et de refus, estime le professeur Samba Gadjigo, enseignant de littérature aux Etats-Unis et considéré comme étant l’un des meilleurs spécialistes de l’écrivain et cinéaste sénégalais décédé en 2007.


[VIDEO] Ousmane Sembène, l’homme du refus raconté par son biographe
M. Gadjigo s’exprimait mardi lors de l’hommage que lui ont rendu la Fondation Konrad Andeauer et le Mouvement citoyen, à l’occasion du deuxième anniversaire de la disparition de Sembène.

L’anticonformisme de l’auteur du roman ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ apparaît très tôt. A l’age de 13 ans, il est renvoyé de l’école pour avoir refusé de chanter la Marseillaise. A Ziguinchor où il vivait, son père l’initie alors au métier de pêcheur.

A force de l’accompagner au fleuve à la recherche du poisson, il prend goût au tabac. C’est d’ailleurs dans ces circonstances qu’il apprend à fumer, adoptant la pipe qu’il ne quittera presque plus jamais. Plus tard, il dira que, quand il a été renvoyé de l’école, il est allé à ‘’l’école de la vie’’.

‘’Incontrôlable’’, il finira même par être ‘’envoyé à l’école de correction de l’île de Carabane’’, située dans l’estuaire du fleuve Casamance. En 1938, il débarque à Dakar. Il est inscrit à l’école de la rue de Thiong. Mais durant toute l’année scolaire, il n’en franchira la porte qu’une seule fois.

Sans certificat d’étude, Ousmane Sembène ne peut naturellement pas prétendre à un emploi dans l’administration. Il devient alors apprenti maçon, un métier grâce auquel il participe à la construction du Bloc des Madelines, du lycée Lamine Guèye et de nombreux autres immeubles à Dakar. Avant de faire la mécanique plus tard.

Enrôlé en 1944 dans l’Armée française, il est formé au camp des Mamelles, avant de prendre la direction du Niger comme chauffeur. Mais de tout son contingent, il est le seul à rentrer ‘’sans un certificat de bonne conduite’’. Après son retour au Sénégal en 1946, il intègre le syndicat du bâtiment dans un contexte marqué par les premières grèves syndicales.

Avec la seconde guerre mondiale, Ousmane Sembène ‘’commence à comprendre la logique coloniale’’. Mais cette tragédie, qui lui a surtout permis de visiter d’autres pays, suscite aussi en lui le goût du voyage.

Il partira en 1947 pour Marseille, ville où il attire l’attention de la Confédération générale des travailleurs (CGT). Militant de cette organisation syndicale, il intègre ensuite le Parti communiste français, formation dans laquelle il militera de 1950 à 1960.

Mais il déchira sa carte d’identité nationale française à l’indépendance du Sénégal (1960), tout en démissionnant du parti français auquel il avait adhéré.

S’il a décidé de se consacrer à la littérature, ce n’est moins parce qu’il n’existait pas une littérature africaine que parce que celle-ci ne parlait pas de ‘’sa condition’’. Il publie sa première œuvre ‘’Le docker noir’’ en 1956. Au total, il publie six romans et cinq collections de nouvelles.

Cinéaste engagé, il considérait que l’art est indissociable de la politique. Sa carrière cinématographique commence après un passage au studio Gorki à Moscou. Après son premier film ‘’Empire Sonraï’’, il réalise total de 12 films au terme d’une carrière démarrée à l’âge de 40 ans.

La femme est souvent présente dans ses oeuvres, une situation que son biographe semble notamment lier au fait qu’il était très proche de sa mère.

Ousmane Sembène est né en 1923 en Casamance d’un père lébou qui avait quitté Dakar en 1900 pour s’établir à Ziguinchor. Selon Samba Gadjigo, ‘’depuis son décès’’, on a assisté à ‘une avalanche de célébrations et de publications’’. Il est d’une envergure internationale, souligne le biographe, ajoutant qu’il est adopté par le monde entier.