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Archives nationales : la construction d?une Maison moderne et la digitalisation principaux défis, selon Mohamed Lat Sack Diop

Rédigé par leral.net le Dimanche 25 Mai 2025 à 14:40 | | 0 commentaire(s)|

La construction d’une Maison moderne des archives et la digitalisation du fond archivistique et documentaire du pays, y compris les documents provenant de nos représentations diplomatiques, sont les plus grands défis que le directeur des Archives nationales Mohamed Lat Sack Diop a identifiés, après sa nomination à la tête de ce secteur jugé “stratégique, mais négligé”.

De l’avis de Diop, le secteur des archives sera forcément impacté par les nouvelles donnes digitales et par l’Intelligence artificielle (IA), dont l’influence et les apports positifs dans tous les corps de métiers et dans toutes les spécialités sont d’une grande ampleur.

Mohamed Lat Sack Diop s’exprimait lors d’un entretien avec l’Agence de presse sénégalaise (APS).

Selon lui, ce basculement scientifique passe nécessairement, par l’édification d’infrastructures et d’outils modernes adaptés et capables de préserver et sécuriser, mais aussi à rendre les archives accessibles, tant aux usagers professionnels qu’au grand public.

“Je fais ici allusion, a-t-il précisé, à la réalisation d’une Maison des archives moderne, digne du rang et des ambitions de notre pays”.

Il a dit souhaiter voir  ce  projet  “figurer en bonne place parmi les priorités infrastructurelles du gouvernement, au cours du présent mandat”.

Le projet de construction de la Maison des archives du Sénégal constitue une priorité nationale et un enjeu majeur du gouvernement, selon Mohamed Lat Sack Diop.

Le Président Bassirou Diomaye Faye a déjà instruit le gouvernement de travailler à bâtir un tel édifice, rapporte M. Diop.

“En tant qu’organe de l’Etat compétent en la matière, sous la conduite du Premier ministre, et suivant ses orientations et directives, nous ne lésinerons sur aucun détail ni effort pour réaliser ce projet tant attendu dans la spécialité et dans le monde de la recherche universitaire”, assure-t-il.

Cette volonté politique étant constatée, le reste est une question de programmation et d’agenda, poursuit le responsable des archives.

“En tout cas, c’est notre plus grand défi, tout comme la digitalisation’’, insiste-t-il.

Diop évoque, d’ailleurs, l’existence d’un projet de numérisation et de digitalisation de tous les fonds d’archives historiques du Sénégal, visant à les préserver et à les sécuriser d’abord, ensuite à les rendre plus accessibles au public, notamment à travers une plateforme publique de consultation et un data center, en arrière-plan, pour épargner aux chercheurs et au public certains désagréments.

Il dit envisager de mettre en place une plateforme numérique nationale pour la consultation des archives historiques.

Ces documents devront y être numérisés, digitalisés, classés suivant les ordres numérique, alphabétique, chronologique, thématique, etc.

 

“Nous avons déjà commencé à y réfléchir et à y travailler dans nos activités académiques, donc bien avant même notre nomination”, confie Mohamed Lat Sack Diop.

Disant avoir reçu des propositions dans ce sens, il promet de ‘’rester ouvert”, “pour amplifier et activer les réformes envisagées”.

Les archives, un secteur stratégique, mais négligé

De même, il compte assurer la collecte et la conservation de notre mémoire dite numérique, issue de la vague de dématérialisation des procédures administratives et qui est conservée dans des supports techniques (clés, back-ups et autres périphériques d’ordinateurs, sites, etc).

‘’Une bonne partie des documents et des procédures administratives est désormais digitalisée et risque de disparaître, [pour] rejoindre les ordures, avec les ordinateurs réformés ou d’être [inexploitables]”, alerte-il.

Le directeur des Archives nationales du Sénégal décrit les archives comme un “secteur stratégique, mais qui a été toujours négligé par les régimes précédents, à l’exception, sans doute, de celui du président Senghor, fondateur de la première école universitaire d’Afrique au Sud du Sahara dédiée aux archives, à savoir l’Ecole de bibliothécaires archivistes et documentalistes (EBAD).

Diop considère sa nomination comme une volonté du président de la République, Bassirou Diomaye Faye et de son gouvernement, de “replacer les archives au cœur des fondations mémorielles d’un pays qui a l’avantage d’avoir été la capitale de toute l’Afrique noire francophone, avec tout ce que cela signifie, symbolise et implique en termes de richesse, de diversité et de qualité de son fond documentaire et archivistique”.

Pour Mohamed Lat Sack Diop, les archives sont le parent pauvre de nos administrations, puisque “tant le rôle que la place de ce secteur dans les politiques publiques de nos Etats ont été négligés”.

Ce qui en a fait un secteur en réelle crise, avec beaucoup de problèmes et de défis à relever, notamment sur le plan des infrastructures, de la formation et même de sa reconnaissance institutionnelle en tant que “domaine hautement stratégique et indispensable dans la marche d’un pays”.

Il relève que la marche, les ambitions et le projet d’un pays doivent reposer sur “des références et de solides piliers, ainsi que sur un socle de vécus et de paradigmes institutionnels, sur une mémoire historique, administrative et socio-culturelle puissante”.

Soulignant le “fossé qui existe entre l’importance accordée aux archives en Occident et la négligence, voire le statut marginal qui est le sien en Afrique”, M. Diop dit s’être fixé comme objectif de “pallier cet impair, en incitant les responsables des institutions, de la base au sommet, à accorder davantage de respect et de considération aux archives”.

Pourtant, dans les traditions africaines, les archives appelées “waïndaré” ou ‘’kâggu” en wolof occupaient une place de choix dans chaque foyer, relève-t-il.

En raison de leur caractère “séculaire et quasi-sacré, les archives étaient de précieux greniers de famille auxquels ne pouvaient accéder que de rares personnes habilitées”, renseigne-t-il.

Toutefois, il estime qu’avec les nouvelles autorités sénégalaises, s’est déclenchée “une prise de conscience toute nouvelle quant à l’obligation de se ressourcer dans notre passé et de se départir de certains complexes, pour mieux affronter notre avenir”.

La commémoration, en décembre 2024, du massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye par la France qu’ils avaient aidée à se libérer de l’occupation allemande, constitue “un déclic de ce regain d’intérêt et de cette profonde mutation dans la prise en compte du domaine mémoriel et archivistique, dans notre marche vers un inéluctable progrès”.

Pour une souveraineté archivistique et documentaire

Il croit que sa tâche pourrait ainsi être facilitée par la proximité de ce secteur, avec l’évolution du numérique et l’émergence de nouvelles technologies qui impactent directement ce domaine de moins en moins matériel et qui vont lui donner une nouvelle place dans nos institutions.

La maîtrise par le pays de ses propres archives est d”’autant plus urgente que le Sénégal entre dans une ère de souveraineté, une notion chère aux nouvelles autorités du pays, dans leur Projet de société décliné dans l’Agenda de transformation systémique du pays “Sénégal 2050”.

Il estime que de la même manière que l’on parle de souveraineté économique, énergétique, sanitaire, alimentaire, entre autres, “il nous faut aller vers une souveraineté, pour ainsi dire, documentaire et archivistique, voire mémorielle et à fond vers une nouvelle dynamique de conservation, par des moyens modernes et scientifiques, des faits de notre passé qui structurent notre présent et qui détermineront forcément la trajectoire vers notre futur”.

Mohamed Lat Sack Diop pense que la nouvelle démarche dans la gestion de nos archives va profondément intégrer le triptyque : Jub, Jubal, Jubbanti (droiture et redressement en wolof) en tant que ligne morale et de gouvernance qui ne doit épargner aucun secteur de la vie nationale du Sénégal, a fortiori le secteur des archives.

Pour lui, une souveraineté, une reconstitution et un enrichissement de nos archives et de notre propre patrimoine mémoriel sont devenus une “obligation et une urgence”.

Dans cette optique, il compte amorcer une autre approche dans la manière de gérer notre patrimoine archivistique, laquelle démarche d’enrichissement de nos archives devra être pyramidale pour impliquer les collectivités territoriales et s’étendre jusqu’aux démembrements de notre Etat à l’étranger, notamment les représentations diplomatiques et consulaires.

“Parmi nos innovations, un accent prioritaire devrait être mis sur le rapatriement de toutes nos archives stratégiques entassées, depuis des décennies, dans nos Représentations diplomatiques et consulaires et auxquelles même les autorités ont du mal à accéder, a fortiori les chercheurs et le grand public, de même que les fonds situés en Hexagone, notamment à Nantes”, a-t-il affirmé.

D’où le caractère transversal et multisectoriel des tâches à accomplir pour cerner cette vaste question.

Cette conception des archives de tout un pays nécessite à son avis, “une prise de conscience totale de tous les responsables de ces institutions et une prise en charge correcte, par nous-mêmes et pour nous-mêmes, de notre riche patrimoine archivistique, dont nous partageons une bonne partie avec des pays voisins de l’ex-empire colonial”.

“Ces pays devront avoir à cœur de collaborer avec nous dans le cadre d’échanges visant un enrichissement de nos fonds respectifs”, estime-t-il.

“La démarche de souveraineté sur nos archives passe également par une prise en charge correcte de la production documentaire et archivistique de nos administrations, tant centrales que décentralisées”, relève-t-il.

Le Directeur des Archives nationales du Sénégal considère que de telles réformes vont de pair avec une revalorisation du statut de l’archiviste, un “métier peu connu et peu valorisé dans certains cercles de nos sociétés actuelles”.

Diop est convaincu que, malgré la reconnaissance juridique dont bénéficie cette profession, “il y a un énorme travail de communication et de sensibilisation à faire pour mieux [promouvoir] le métier d’archiviste et la place des archives dans nos institutions et dans la société”. Cela passe par des actions de sensibilisation, à grande échelle, sur l’importance et le rôle des archives dans nos sociétés.

Les autorités et les décideurs doivent, quant à eux, être sensibilisés sur l’obligation qui leur est faite par la loi, de bien gérer, et de transmettre à qui de droit les documents qu’ils auront produits dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions et activités régaliennes. Il préconise l’institutionnalisation et la généralisation de l’application de la disposition de l’article 10 de la loi du 30 juin 2006, relative aux archives portant sur la prestation de serment de l’archiviste.

Un homme du sérail pour booster le secteur

A cela doit s’ajouter l’organisation d’activités de sensibilisation à l’occasion de la Semaine internationale des archives, célébrée au mois de juin de chaque année et la création d’un prix ou d’une distinction de la DAS pour honorer le meilleur “archiviste de l’année”, par exemple.

C’est une façon de valoriser les archives, à travers une campagne de médiatisation, permettant de mettre l’accent dans les médias classiques et sur les réseaux sociaux, sur les dégâts que pourraient causer une absence d’archives ou une mauvaise gestion de celles-là.

Nommé récemment directeur général des Archives nationales du Sénégal, Mohamed Lat Sack Diop est un homme du sérail, ayant très tôt embrassé le secteur des archives.

Originaire de Ndomor (15 km de Tivaouane), il a dû renoncer à des études de droit, pour s’inscrire à l’Ecole des bibliothécaires et archivistes de Dakar (EBAD).

Orienté à la Faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, après avoir obtenu son baccalauréat au Lycée de Mboro, il avait concomitamment réussi au concours d’entrée à l’EBAD.

Après deux années de formation, il bénéficie d’une bourse de mérite, pour aller continuer ses études en France, au Département Archives et Médiathèque de l’Université Toulouse-2 Le Mirail.

Après une Licence Option Archives et un master Ingénierie documentaire dans cette université, il s’inscrit pour un Master de recherches en sciences de l’information et de la communication (SIC), option “Communication des Organisations”, à l’Université Lyon-2.

Ce diplôme en poche, il postule pour un doctorat dans le même domaine.

Auparavant, il avait effectué plusieurs stages dans des institutions-phares, comme la Direction de la coopération économique et financière du MEPC, et à la Radiodiffusion Télévision nationale du Sénégal (RTS), avant de s’envoler pour la France.

Diop est convaincu que, malgré la reconnaissance juridique dont bénéficie cette profession, “il y a un énorme travail de communication et de sensibilisation à faire pour mieux [promouvoir] le métier d’archiviste et la place des archives dans nos institutions et dans la société”. Cela passe par des actions de sensibilisation, à grande échelle, sur l’importance et le rôle des archives dans nos sociétés.

Les autorités et les décideurs doivent, quant à eux, être sensibilisés sur l’obligation qui leur est faite par la loi, de bien gérer, et de transmettre à qui de droit les documents qu’ils auront produits dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions et activités régaliennes. Il préconise l’institutionnalisation et la généralisation de l’application de la disposition de l’article 10 de la loi du 30 juin 2006, relative aux archives portant sur la prestation de serment de l’archiviste.

Un homme du sérail pour booster le secteur

A cela doit s’ajouter l’organisation d’activités de sensibilisation à l’occasion de la Semaine internationale des archives, célébrée au mois de juin de chaque année et la création d’un prix ou d’une distinction de la DAS pour honorer le meilleur “archiviste de l’année”, par exemple.

C’est une façon de valoriser les archives, à travers une campagne de médiatisation, permettant de mettre l’accent dans les médias classiques et sur les réseaux sociaux, sur les dégâts que pourraient causer une absence d’archives ou une mauvaise gestion de celles-là.

Nommé récemment directeur général des Archives nationales du Sénégal, Mohamed Lat Sack Diop est un homme du sérail, ayant très tôt embrassé le secteur des archives.

Originaire de Ndomor (15 km de Tivaouane), il a dû renoncer à des études de droit, pour s’inscrire à l’Ecole des bibliothécaires et archivistes de Dakar (EBAD).

Orienté à la Faculté de Droit de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, après avoir obtenu son baccalauréat au Lycée de Mboro, il avait concomitamment réussi au concours d’entrée à l’EBAD.

Après deux années de formation, il bénéficie d’une bourse de mérite, pour aller continuer ses études en France, au Département Archives et Médiathèque de l’Université Toulouse-2 Le Mirail.

Après une Licence Option Archives et un master Ingénierie documentaire dans cette université, il s’inscrit pour un Master de recherches en sciences de l’information et de la communication (SIC), option “Communication des Organisations”, à l’Université Lyon-2.

Ce diplôme en poche, il postule pour un doctorat dans le même domaine.

Auparavant, il avait effectué plusieurs stages dans des institutions-phares, comme la Direction de la coopération économique et financière du MEPC, et à la Radiodiffusion Télévision nationale du Sénégal (RTS), avant de s’envoler pour la France.



Source : https://senemedia.com/annonce-80816-archives-natio...