Casamance : Le Sénégal relance le déminage humanitaire avec un soutien international accru

La relance du déminage humanitaire en Casamance, longtemps entravée par des contraintes techniques et budgétaires, connaît une dynamique nouvelle, sous l’impulsion des autorités issues de la transition politique de 2024. Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, le 8 octobre dernier, une réunion interministérielle consacrée au retour des populations déplacées et à la dépollution des […]

La relance du déminage humanitaire en Casamance, longtemps entravée par des contraintes techniques et budgétaires, connaît une dynamique nouvelle sous l’impulsion des autorités issues de la transition politique de 2024. Le Premier ministre Ousmane Sonko a présidé, le 8 octobre dernier, une réunion interministérielle consacrée au retour des populations déplacées et à la dépollution des zones contaminées par les mines antipersonnel. Cette initiative marque une volonté politique affirmée de tourner définitivement la page d’un conflit aux lourdes séquelles humaines, sociales et économiques.

Une priorité politique pour la sécurité et la reconstruction

Le gouvernement sénégalais s’est engagé à achever le déminage de 1,5 million de mètres carrés de terres contaminées avant mars 2026, date butoir fixée dans le cadre des obligations du Sénégal au titre de la Convention d’Ottawa. Le Centre national d’Action antimines du Sénégal (CNAMS), placé sous l’égide du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, est en première ligne de cette opération cruciale.

L’objectif est multiple : garantir la sécurité des populations, permettre leur retour dans les villages, relancer les activités économiques et réhabiliter les terres agricoles, tout en assurant le respect des engagements internationaux du pays. L’accent est également mis sur la réinsertion des victimes, souvent marginalisées après avoir subi les conséquences physiques et psychologiques des explosions.

Un appui matériel et financier renforcé

Dans le cadre du Programme de Développement Économique et Social (PDES), le gouvernement japonais a accordé un don de 460 millions de yens (environ 2 milliards FCFA) pour l’acquisition de machines de déminage de dernière génération. Ce matériel, parmi les plus performants actuellement disponibles au niveau mondial, permettra d’accélérer le nettoyage des zones minées.

La cérémonie officielle de réception de ces équipements est prévue pour le jeudi 24 juillet 2025 dans la zone franche de Mbao, en présence du Premier ministre et de l’ambassadeur du Japon, M. Takeshi Akamatsu. Une deuxième livraison est attendue pour renforcer les capacités logistiques, notamment dans la construction d’infrastructures de base dans les localités déjà sécurisées.

Outre le Japon, l’Inde a également soutenu le programme avec une contribution de 1 million de dollars (soit environ 564 millions FCFA). D’autres partenaires internationaux ont exprimé leur volonté de renforcer la coopération avec le Sénégal dans ce domaine.

Une dynamique diplomatique portée par la TICAD

Le soutien japonais au Sénégal s’inscrit dans le cadre de la Nouvelle Approche pour la Paix et la Stabilité en Afrique (NAPSA), lancée lors de la TICAD 8 (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique). Le Japon compte présenter le partenariat avec le Sénégal comme un modèle de coopération Sud-Sud lors de la TICAD 9, qui se tiendra à Yokohama du 18 au 22 août 2025, où le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye est attendu sur invitation de l’Empereur Nahurito.

Le CNAMS renforcé et un budget national mobilisé

Conscient des défis techniques et humains du déminage, le Premier ministre a également instruit le ministre des Finances de mobiliser un budget national de 15 milliards FCFA pour garantir la continuité des opérations sans dépendance excessive à l’aide extérieure. Une réflexion est en cours pour renforcer le positionnement institutionnel du CNAMS, afin de pérenniser les acquis de cette nouvelle phase de sécurisation du territoire.

Une opportunité pour la paix durable en Casamance

Au-delà des considérations techniques, la relance du déminage est un signal fort en faveur d’un retour à la paix durable en Casamance. Elle permet de restaurer la confiance des populations déplacées, de stimuler les investissements agricoles et de préparer les bases d’un développement socio-économique équitable dans une région longtemps marginalisée.

Par cette démarche, l’État sénégalais veut démontrer que la réconciliation passe aussi par des actes concrets, porteurs d’espoir et de stabilité pour les générations futures.

Source : https://xalimasn.com/2025/07/22/casamance-le-seneg...