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Ibrahima Sène répond à Serigne Saliou Dieng, membre du M23

Rédigé par leral.net le Lundi 30 Avril 2012 à 11:15 | | 0 commentaire(s)|

"Cher compatriote, je suis très content de recevoir souvent tes commentaires qui montrent tout l’intérêt que tu portes aux problématiques que je soulève. Je comprends les réserves que tu portes sur la coalition BBY et sur son équipe gouvernementale.


Tu avais déjà choisi ton camp, celui des religieux, que je nommerai « républicains », puisque tu me sembles te démarquer nettement du comportement de l’Aristocratie religieuse, particulièrement de ses rapports avec le pouvoir politique et le pouvoir de l’argent. C’est pour cela que tu te réfères souvent aux conclusions des Assises nationales pour fonder tes réserves.

Autant j’ai des réserves et même suis totalement contre le système électoral en vigueur qui met un Ministre de l’Intérieur partisan au centre de l’organisation des élections, autant il faudrait reconnaître, que cette tare ne devrait pas occulter les avancées majeures engrangées par la coalition, dans le processus de liquidation du système de Parti -Etat, avec l’avènement d’un gouvernement de large coalition nationale, dans laquelle, le Parti du Président est minoritaire( 9 sur 25 membres), avec une forte présence de la société civile ( 5 sur 25 membres) occupant des positions stratégiques ( PM, Justice, Economie et Finances, Culture, Santé publique).

Au niveau de la Présidence, la présence, comme Ministre- Conseiller, d’éminentes personnalités de la société civile (Bara Tal, Baba Diao, Jacques Diouf, Abdou Latif Coulibaly) à côté d’une personnalité politique perçue par son engagement et son attachement au respect des principes d’équité et de morale républicaine (Amath Dansokho), conforte cette dynamique de liquidation du système du Parti-Etat.

C’est ce vaste rassemblement de forces républicaines,démocratiques et citoyennes qui gère l’Etat, qui va se consolider, avec leur décision d’aller ensemble aux Législatives sur une liste commune. C’est la consolidation de cette équipe qui va être l’instrument politique devant mettre en œuvre les conclusions des Assises nationales, sous le contrôle d’un "Comité de suivi" mis en place par le Comité National de Pilotage des Assises nationales, que le Président de la République s’est engagé à institutionnaliser, et du M23, qui devrait l’être aussi, pour prendre en charge le besoin d’intervention et de contrôle citoyen contenu dans les conclusions des Assises nationales.

C’est toute cette ossature institutionnelle de contrôle citoyen qu’il faudra veiller à mettre en place, pour créer les conditions de liquidation totale du système de Parti-Etat, dont le système électoral en vigueur est partie intégrante. Tes réserves devraient donc encourager à persévérer dans la lutte pour le parachèvement des réformes institutionnelles nécessaires pour la refondation de l’Etat et de la Gouvernance.

C’est pour cela, que je ne comprends pas le reproche de "bannissement du spectre religieux" dont tu fais cas, à l’endroit d’une équipe gouvernementale, où un petit fils du fondateur du Muridism, connu par ses convictions républicaines et démocratiques, est Ministre de l’Education nationale, et un" IMAM", chef d’un Parti républicain, démocratique, orienté sur la morale et l’éthique, est nommé Ministre - Conseiller spécial du Chef de l’Etat, chargé des questions religieuses ! Je deviens encore plus perplexe sur ce que tu appelles la " nécessité de traduire en loi le fait religieux" à partir de "l’hémicycle".

La République démocratique, telle que les Assises nationales ambitionnent de la construire dans notre pays, traite avec des citoyens, quelque soient leurs convictions, mais n’a pas vocation de" transformer le fait religieux en loi". C’est une République démocratique et citoyenne, et non une république théocratique. Le M23, que nous partageons, devrait veiller pour qu’il en soit toujours ainsi. D’ailleurs des religieux organisés politiquement, en dehors du M23 et de BBY, ont décidé de briguer le suffrage du peuple pour siéger à l’hémicycle. C’est leur droit citoyen.

La République démocratique des Assises nationales leur reconnaît ce droit. Mais le M23, pour autant qu’il reste fidèle aux conclusions des Assises nationales, devrait donc se mobiliser, pour éviter que notre Assemblée nationale ne devienne un lieu de "transformation du fait religieux en loi". Et cela, conformément aux disposions constitutionnelles et réglementaires en vigueur sur les Partis politiques, qui interdisent toute "référence à la Religion, l’Ethnie ou la Région", pour exister légalement, à plus forte raison, pour "transformer le fait religieux en loi" à l’hémicycle. Les dérives du régime de Wade, dans ce domaine, ont été stoppées net par la volonté du peuple qui l’a éjecté démocratiquement du pouvoir par les urnes.

Donc, l’application stricte de ces dispositions, qui sont reprises, de façon consensuelle, par les Assises nationales dans ses Conclusions, devrait éviter à notre pays, l’avènement d’une « Assemblée nationale de transformation du fait religieux en loi". Ce combat, en tant que membre du M23 se réclamant des Conclusions des Assise nationales, devait aussi être le tien. Quant à la Déclaration de patrimoine, c’est une question dépassée, puisque le Chef de l’Etat y a procédé. Fraternellement, ton compatriote du M23".

Ferloo