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'L'exemplarité en politique", pas un idéalisme mais une urgente nécessité ! - Par Alioune Badara Niang

Rédigé par leral.net le Mardi 7 Avril 2015 à 13:05 | | 0 commentaire(s)|

'L'exemplarité en politique", pas un idéalisme mais une urgente nécessité ! - Par Alioune Badara Niang
Écrire sur la politique commence à devenir vraiment trop éprouvant tant les hommes politiques s’avèrent désespérément incapables d’inventer un avenir différent de ce à quoi ils nous ont habitués. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on assiste en ce moment à une très nette accélération des dérapages (va-t-on vers un été de dérapages ?) et autres énormités pontifiantes (que des postures risibles) de nos politicards. Conséquence immédiate: La vraie rupture, que le Président Sall avait promise et qu’il tente de mettre en œuvre depuis son arrivée au pouvoir, est en train d’être tristement masquée, par cette face noire et crapoteuse du personnel politique sénégalais, à savoir le fait de ne pouvoir être pris en exemple, en modèle de ce qu'il convient de faire en telle ou telle circonstance. En d'autres termes, à être vertueux !

L’exemplarité en politique (droiture, patriotisme, humilité, bonnes mœurs, bonnes manières, sens de l’honneur, dignité, entre autres), est une vieillerie que les comportements glauques des acteurs politiques du moment ont remis à flot, en selle. Et pour illustrer mon propos, je voudrais évoquer, le temps d’un billet, cette incroyable déconnexion de la classe politique, coupée du réel : bien que son impact sur la vie politique du pays soit presque absolument nul (le peuple est digne !), elle fait surface dans l’actualité chargée sur le plan (bêtement) politique et réclame notre attention avec véhémence. Amusons-nous donc avec les dernières pitreries d’insignifiants politiciens.

Tout d’abord, analysons le fait scandaleux que nous soyons submergés ces temps derniers par un vrai festival des transhumants. Et dire déjà qu’à ce rythme, la pratique du changement d’allégeance partisane risque de faire office de sport national dans notre pays ! Non, vraiment, sans blague ?

Eh oui ! Telle une cellule cancéreuse, la transhumance ne fait que grossir : Awa, Innocence, Abdou, Bécaye, Sitor, Thierno, à l’image d’un cheptel ambulant, ont dans une course sans fin (et sans freins) rejoint honteusement (mais bien sûr !) l’Alliance pour la République. En troquant avec emphase leur tunique bleue pour le marron beige du parti adverse, ces zombies de la politicaille ont trahi leur cause, leur mission, sous l'instigation des nouveaux rapports de force. Comment dans ces conditions, bâtir une nation, créer une rupture, lorsque les fondations restent chevillées à des convictions frivoles, ballottées au gré du vent ? Oh, zut. La belle déception !

Ces nomades politiques, grands pollueurs de notre démocratie, manquent de courage, de ténacité, du sens de l’intérêt général, de dévouement, bref tout simplement d’exemplarité. Leur allégeance de convenance (donc sans conviction), obéit uniquement à une « morale du provisoire ». Et en cela, ils donnent l'impression qu'il n'y a point de salut en dehors d'une proximité avec le pouvoir en place. Quelle exaspération ! Ils se révèlent également comme des bretteurs qui excellent dans l’art de porter des coups de Jarnac et d’avoir des réponses à tout, en véritables traîtres. L’appel du ventre, seulement, a fini de reléguer aux oubliettes les idéologies, les convictions intimes et tout le toutim. Bingo ! Comme c’est commode !

L’attitude de ces courtiers politiques dénote une certaine crise de valeurs sérieuses et de repères brouillés. Seulement voilà, comme le souligne si bien Montesquieu, "lorsque la force de la vertu cesse, la République est une dépouille". Le risque est gros alors de la voir victime d'un dépeçage sans vergogne. Halte ! Et pourtant on a beau leur expliquer que « tant va la cruche à l’eau qu’elle se casse », ils ne veulent pas y croire… ! Tant pis !

Je ne suis pas de ceux qui pensent que le Président Sall doit manœuvrer à tout va et à tout prix (ne rien se priver pour massifier son parti. Absolument rien !), pour s’offrir moins d’adversaires politiques possibles ou tout simplement les réduire en bois mort. Qu’il n’oublie surtout pas que son seul véritable adversaire reste et demeure le peuple souverain et il peut à la longue avoir carrément par-dessus la tête de ces petits jeux politiques stériles. Ce cynisme qu’est la transhumance est très néfaste et constitue une menace pour la démocratie et il est indéfendable ! Pareille négation de la réalité, toute considération partisane mise de côté, ne relève plus de la politique, mais de calcul politique. La nuance est là. Il faut endiguer un tel risque en réhabilitant l'engagement au détriment de l'opportunisme. La démocratie ne s’en portera que mieux !

Changeons de décor, mais pas de thème avec la question de la réduction de la durée anormalement longue du mandat Présidentiel : Lorsqu’on parcourt les pages « politiques » de toutes les presses, on y découvre, effaré, les frasques verbales d’individus irresponsables de l’Alliance pour la République demandant au Président Macky Sall de se dédire sur le quinquennat promis aux sénégalais. Et là, la bombe (le ballon de sonde !) est lâchée. C’est encouragé par d’autres militants de l’APR, mais bon…c’est du délire là ! Hallucinant !

Apparemment la leçon n’a pas été bien retenue. Ce que l’on ne comprend absolument pas, mais pas du tout, c’est la logique qui veuille qu’on demande à un Président de la République de faire du «wax waxeet» (le non-respect de la parole donnée, en wolof) ? Que voilà une vision bien triste de la politique ! Un tel raisonnement me semble très malsain et leurs auteurs ont incontestablement failli à leur devoir d'exemplarité. Pousser Macky Sall (et couillu avec ça !) à trahir son engagement, donc le peuple, cela prouve que ces politiciens rustres, à la finesse d'un éléphant et l'élégance verbale d'un chartier, n'ont aucune classe ni respect pour lui. Dans une posture exemplaire, ils devaient plutôt l’aider à honorer son engagement. Oui, il faut le dire et le reconnaître, leur attitude « extrémiste » ne suscite rien d’autre que de la nausée. J’ai honte pour ces irresponsables car ils trahissent l’idéal républicain. Ils donnent une piètre image de ce qu’ils prétendent défendre. Ils sont symptomatiques de la médiocrité d’une partie de ce qu’on appelle l’élite. De ce fait, ils exposent (in)volontairement l’APR (surtout le Chef de l’Etat) à un gros risque réputationnel.

Avec le temps, les idées de réforme s’érodent doucement sous la pression incessante de politiciens opportunistes qui s’y opposent. Oups ! Désolé ! Non ! Le monde politique ne peut être sous l’emprise de la « politicaille ». Non ! Le monde politique ne peut être pourri. Non ! Le monde politique ne peut accepter toutes les pratiques.

Aussi, je m’inquiète beaucoup de l’intégrité de la classe politique à venir car j’ai bien peur que les individus les plus véreux soient ceux qui arriveront au pouvoir demain. Pourquoi ? Déjà, parce que leur vision de la politique est structurée par cette idée qu’il faut être « pourri » pour réussir en politique. Autrement dit, les plus honnêtes quittent tôt le chemin politique, et ce monde attire de plus en plus ceux qui n’ont ni valeur ni scrupule.

Ce n’est pas la durée qui donne de la valeur à un mandat mais plutôt le contenu (les réalisations). En trois ans, le Président Sall a fait beaucoup de choses et il lui reste encore du temps d’ici la fin de son mandat pour présenter un bilan positif. Donc à lui, nous conseillons de ne pas écouter ces vulgaires politiciens opportunistes qui veulent l’embarquer sur un chemin cul- de- sac, d’honorer sa promesse pour sortir grandi de cet engagement. A 55 ans, cette nation est jeune comme il l’a si bien dit dans son discours du 3 avril donc, il y’a alors de la place pour entrer dans l’histoire.

Les sénégalais veulent que la classe politique soit « exemplaire ». Il va sans dire donc que leur confiance envers leurs élus ne se construira pas sans une action radicale d’exemplarité et d’humilité de ces derniers.

Coluche le disait déjà : « Je ferai aimablement remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce ne n’est pas moi qui ai commencé ». Il est grand temps de mettre fin à toutes ces pitreries. L’exemplarité politique n’est pas de l’idéalisme, mais une urgente nécessité. Je ne peux clore ce billet par un point final, je vous dis donc « à suivre ».

aliounebadaraniangjunior@gmail.com