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Le calvaire d’une découverte

Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Avril 2012 à 20:34 | | 0 commentaire(s)|

MBOUR - Il est 14 heures tapant. Le soleil est au zénith lorsque notre véhicule franchit le seuil de l’intersection serpentant l’artère menant vers la station balnéaire de Saly et la ville de Mbour. A peine 20 mètres parcourus, sur la route touristique de Mbour que s’érige une enseigne indiquant en gras : «Médinatoul Salam. 17 avril 1946. La rencontre entre Serigne Saliou et Cheikh Béthio Thioune». Une route cahoteuse en latérite est empruntée au pas de caméléon. «Elle mène tout droit à Médinatoul Salam !», indique, un tantinet méfiant, un négociant d’une quincaillerie établie sur l’artère principale de Mbour. En cours de route, des chauffeurs de taxi-clandos, certainement habités par une hantise après la fameuse déconvenue de Médinatoul Salam, ne cessent de nous dévisager. Leurs regards fur- tifs trahissent leurs préoccupations pour ne pas dire leurs suspicions.


Le calvaire d’une découverte


BAPTISE MEDINATOUL SALAM PAR SERIGNE SALIOU

Une chaleur d’étuve rend l’air difficile à respirer, compte non tenu du chemin remuant. Des arbrisseaux et autres bâtiments en chantiers s’offrent à perte de vue. Sur le chemin, seuls trois gamins arpentent la chaussée. Apparemment, ces mômes à la fleur de l’âge reviennent de l’école. Interpellée, celle qui semble la plus âgée du groupe articule, quoique gagnée par la crainte, que la résidence de Cheikh Béthio Thioune se trouve juste à quelques kilomètres. A peine trente minutes de route que se dresse, comme un cobra, une majestueuse bâtisse clôturée d’une muraille au ton beige.

Un imposant portrait du regretté Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké et une enseigne portant l’estampille du fief ornent la devanture de la résidence qui s’étale à perte de vue. «Il paraît qu’à l’intérieur, c’est un monde dans un monde », lance un de vos serviteurs. Le portail en fer est hermétiquement fermé. On aurait dit un bunker. Soudain, le portail s’ouvre. Surgit une calèche débordant d’accessoires divers. S’en suivit une guimbarde, puis une rutilante bagnole. Et le portail se referme, en un tour de main. A la devanture de la célèbre résidence, un jeune à la silhouette frêle, la trentaine révolue, l’air dégingandé, jette un regard circulaire. Son regard est soupçonneux. Notre véhicule qui se gare sur les flancs n’échappe pas à son regard soupçonneux. L’on s’accorde à user de tact pour l’aborder. Après les salamalecs d’usage, il demande ex abrupto l’objet de notre visite. «Nous avons rendez-vous avec un des Dieuwrignes du Cheikh !», lui lance-t-on. Il semble douter de notre bonne foi, eu égard à ses traits réticents. C’est sur ces entrefaites qu’il nous demande de patienter, le temps de se renseigner auprès de ses «Dieuwrignes» (responsables) dans la demeure. La peur au ventre anime spontanément vos serviteurs.

«Que faire ? L’attendre ou prendre la poudre d’escampette», se demande-t-on ? Rien n’est moins sûr. L’on se triture les méninges et, soudain, la pirouette est vite trouvée : il fallait dégotter des interlocuteurs autres que les disciples du Cheikh. Lesquels sont plus que tendus depuis l’éclatement de cette affaire criminelle. Un des seconds couteaux du guide des «Cantaakoon», en l’occurrence Ibrahima Diagne, est appelé à la rescousse par la magie du téléphone cellulaire. Dans sa légendaire disponibilité, le bonhomme, qui se trouve fort heureusement dans les parages, rapplique dare-dare sur Médinatoul Salam. Le soulagement se lit sur les visages de vos serviteurs. C’est dire…




PAPE DIATTAO BADJI & EDOUARD DIAGNE
ENVOYES SPECIAUX