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Plus de 1 000 arrestations en Égypte après des manifestations contre le Président Sissi

Rédigé par leral.net le Jeudi 26 Septembre 2019 à 10:07 | | 0 commentaire(s)|

Quatre jours après des manifestations anti-Sissi au Caire et dans plusieurs villes d'Égypte, plus d'un millier de personnes ont été arrêtées, parmi lesquelles universitaires et militants politiques.


Plus d’un millier de personnes ont été arrêtées en Égypte suite à de rares manifestations contre le président Abdel Fattah al-Sissi, vendredi 20 septembre, selon des ONG locales.

"Sissi dégage !" Répondant à l’appel de Mohamed Aly, homme d’affaires exilé en Espagne, plusieurs centaines de personnes avaient bravé l’interdiction de protester contre le pouvoir, au Caire et dans d’autres villes du pays.

Les forces de l'ordre sont intervenues et ont dispersé les protestataires à l'aide de gaz lacrymogènes. Depuis, elles ont arrêté manifestants, journalistes et militants politiques par centaines.

Ces arrestations ont été dénoncées par plusieurs ONG internationales, à l’instar d’Amnesty International, Human Rights Watch ou The Committee to project journalists (CPJ). Le Mouvement démocratique civil, coalition de gauche, a quant à lui demandé aux autorités, mardi 25 septembre, de relâcher toutes les personnes arrêtées et appelé à un "dialogue national".

Universitaires et militants politiques

Selon le Centre égyptien pour les libertés et les droits, 1 003 personnes ont été arrêtées depuis vendredi, mais le Centre pour les droits économiques et sociaux, a lui parlé de 1 298 arrestations.

Plusieurs figures universitaires ou militantes, connues pour leurs positions critiques vis-à-vis du gouvernement font partie des dernières personnes arrêtées. Parmi elles, Khaled Dawoud, ancien responsable du parti libéral d’opposition Al-Dostour et membre du Mouvement démocratique civil a été interpellé et déféré mercredi devant la justice, ont annoncé ses avocats. Politicien, mais aussi journaliste, il a été accusé d’avoir diffusé de fausses nouvelles et d’avoir rejoint un groupe "terroriste" et a pour cela été placé en détention provisoire pour quinze jours.

Il sera jugé dans la même affaire que Mahienour El-Masry, célèbre avocate et militante des droits humains ainsi que Kamal Khalil, militant syndicaliste. Tous deux ont été arrêtés la semaine dernière.

Professeur de sciences politiques à l'université du Caire et membre de l’équipe de campagne de Sami Anan, candidat à la présidentielle face à Abdel Fattah Al-Sissi en 2018 [arrêté après avoir annoncé sa candidature, NDLR], Hazem Hosni a, lui aussi, été arrêté mardi.

Hassan Nafaa, autre professeur à l'université du Caire, a également été arrêté mardi à son domicile. "Je n’ai pas de doute que le pouvoir absolu de Sissi va mener à une crise", écrivait-il lundi sur Twitter, poursuivant : "c’est dans l’intérêt de l’Égypte qu’il quitte le pouvoir aujourd’hui, mais il ne partira que sous la pression publique de la rue."

Aucun commentaire officiel n’avait encore été fait, mercredi, par les autorités suite à cette vague d’interpellations.

En juillet 2013, Abdel Fattah Al-Sissi avait piloté la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi. Des centaines de partisans des Frères musulmans avaient été tués lors de la dispersion d'un sit-in au Caire, le même été, selon des ONG internationales. Depuis, les manifestations contre le pouvoir ont été interdites et la répression s'est étendue aux militants laïcs et de gauche.

"Vrai leader"

Encouragé par la mobilisation du 20 septembre à laquelle il avait appelé, le business man exilé Mohamed Ali a lancé samedi un nouvel appel à descendre dans les rues vendredi prochain. Dans une série de vidéos diffusées sur Internet, il avait accusé le président et l'armée de corruption. Allégations qu’Abdel Fattah Al-Sissi a rejetées.

À l’étranger, le président égyptien jouit de plusieurs soutiens, des pays comme les États-Unis voyant en lui un rempart contre les extrémistes.

En marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, où se trouve aussi Abdel Fattah Al-Sissi, le président américain Donald Trump avait qualifié lundi son homologue égyptien de "vrai leader".

Depuis la semaine dernière, la présence policière a été renforcée en Égypte et surtout autour de la place Tahrir au Caire, où se sont tenus les rassemblements qui avaient mené, en 2011, à la chute du président Hosni Moubarak.

Ces derniers jours, l'Égypte s'est également attirée les critiques des organisations de défense de droits humains après des perturbations observées sur des applications comme Messenger et sur des sites comme celui de la BBC.

L'organisme général de l'information (OGI), chargé de gérer les accréditations de la presse étrangère en Égypte, a prévenu samedi les journalistes qu'ils ne devaient pas "exagérer" dans leur couverture de l'actualité.

Avec AFP