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Souleymane Jules Diop: "Ces épreuves que j’ai endurées"

Rédigé par leral.net le Lundi 9 Avril 2012 à 00:50 | | 2 commentaire(s)|

Après huit longues années d’exil, Souleymane Jules Diop foule sa terre natale, où il avait été interdit de séjour, jusqu’à la récente chute du régime libéral. Le célèbre chroniqueur de Seneweb, leader d’opinion confirmé, revient sur son long séjour en terre étrangère, au Canada, précisément à Montréal. Le journaliste décrit avec une émotion bien réelle, ces tranches de vie difficiles, passées, loin de son pays natal, dans le froid et l’angoisse. Il parle de son retour au Sénégal, de son fils de deux ans, qu’il avait laissé derrière lui alors qu’il quittait précipitamment Dakar, de sa mère qui a partagé sa lutte avec lui etc. Face à la rédaction d’EnQuête, il évoque les raisons de son soutien à Macky Sall, à l’actuel Premier ministre Abdoul Mbaye et ouvre une fenêtre sur l’avenir. En toute intimité avec Souleymane Jules Diop...


Souleymane Jules Diop: "Ces épreuves que j’ai endurées"
EnQuête : Cela fait huit ans que vous n’avez pas foulé la terre de ce pays qui est le vôtre. Aujourd’hui que vous êtes rentré quelles sont les émotions qui vous habitent ?
Souleymane Jules Diop : Je voyais tout çà venir. Je dois dire que je n’ai pas du tout été surpris. Toute la journée du dimanche, jour du scrutin du second tour, j’ai discuté avec des gens ici et à midi (heure de Dakar). Quand moi j’étais en route pour aller voter à Ottawa, nous savions déjà que c’était perdu pour Wade et que Macky Sall avait gagné. Il y avait un dispositif en place qui nous permettait de voir que c’était perdu pour Abdoulaye Wade. Malgré cela, il y avait des gens, à un très haut niveau, qui avaient encore peur qu’Abdoulaye Wade profite d’une certaine situation de flou, d’un manque de clarté ou d’un écart moins évident que ce nous avons vu, pour perpétrer un coup de force. Le doute était encore là. A 8 heures, des gens m’avaient appelé pour me dire que de toutes les manières, le Président de la République allait le soir même féliciter Macky Sall. Malgré cela, quand il y a eu la victoire j’étais angoissé. Parce que j’ai rythmé ma vie, mon quotidien, ma relation avec ma famille, ma vie professionnelle au combat que je menais. J’avais des contrats. J’étais en collaboration avec l’”African initiative multimédia “ pour organiser un séminaire le mois prochain à Bamako. Tout cela, je le faisais parce que je ne pouvais pas prendre un travail normal, salarié. J’entendais disposer d’assez de temps pour pouvoir mener le combat que je suis en train de mener. Pour moi, l’impératif, c’était de voir ma famille. Mon fils qui est là. Je ne l’ai pas vu depuis bientôt huit ans. J’ai quitté le pays alors qu’il avait trois ans. J’avais appréhendé ma rencontre avec mon fils simplement. Là il est grand. Il est en classe de Cm2 et il a onze ans. Vous vous rendez compte. J’ai tout fait pour le faire venir au Canada mais ce n’était pas possible. Il y avait toujours des freins car les gens avaient peur.
Vous ne pouviez pas voir votre fils. Mais qu’est qui le retenait ici à Dakar ?
La police. Il fallait faire un passeport, des pièces d’identité. Mais à chaque fois que les gens voyaient mon nom, ils arrêtaient le processus. Il n’y avait aucun moyen de faire sortir mon fils du pays. Je me disais que ma vie ne commencera vraiment que lorsque j’aurais la possibilité d’aller voir mon fils. Quand j’ai compris que désormais c’est possible j’ai compris qu’une vie se terminait et une nouvelle commençait. Là je suis en train d’apprendre à le connaître. Je ne le connais pas. Ce sont des gestuelles à apprendre, une nouvelle vie. Il y a tellement d’attentes et il y a une pression sans doute que je pense que je ressens peut-être plus même que le Président de la République. C’est qu’à un moment donné, quand je suis dans la rue on m’interpelle et me demande si çà va continuer ou si çà s’arrête. Alors, moi j’angoisse (…).
On a envie justement de vous poser la question. Est-ce que çà va continuer ?Oui, je suis conscient que je me retrouve dans une position contradictoire. Je suis dans l’obligation de dire que j’ai travaillé pour que cet homme (Ndlr, le Président Macky Sall) vienne au pouvoir. Je veux donc qu’il réussisse (...) En même temps la population attend peut-être que le combat que nous menions, continue sous d’autres formes. Le rôle d’alerte, de sentinelle pour voir se réaliser tout ce que nous avons comme attentes. Tout çà m’angoisse.
Vous avez dit que vous avez travaillé pour que Macky Sall vienne au pouvoir. On avait plutôt compris que vous avez travaillé pour faire partir Wade.
Oui, il y a eu deux étapes ou plusieurs d’ailleurs. Il y a eu une période pendant laquelle je travaillais avec tout le monde. Les rappeurs, certains ont repris mes textes. Avec d’autres, j’ai travaillé sur les textes, sur les mouvements. Le mouvement “ Y en a marre “ au début avait adopté une position de neutralité par rapport à toute la classe politique. Il fallait évoluer. Il fallait coordonner tout çà. Il y a eu des mouvements de soutien, ceux de Bara Tall et de Youssou NDour. Il a fallu que des gens qui ont des profils professionnels divers coordonnent et mettent ensemble tout çà pour que la revendication soit la même. Le M23 était un facteur catalyseur de tout ce mouvement qui a fini par s’unifier autour du M23 après les événements. Mais j’ai travaillé avec toute l’opposition à l’exception du Parti socialiste (PS). Car, personnellement, j’avais un problème avec le PS et avec ce que nous avons vu se faire entre 1996 et 2000. Je me suis dit que le Parti socialiste n’était pas encore prêt à revenir et qu’il nous fallait une alternance générationnelle. Quand on s’est rapproché du premier tour de la présidentielle, il fallait prendre position. Nous l’avons fait pour Niasse parce que nous estimions pour diverses raisons, pas que les autres n’étaient pas méritants, mais qu’avec la situation, l’expérience qu’il fallait, la hauteur de vue, nous avions pensé qu’il fallait désigner Niasse. Et tout de suite nous avons dit que sans doute celui qui s’est le plus battu et qui a organisé la campagne la plus intelligente, la plus forte, c’était Macky Sall. C’était évident que c’était lui. Tous les sondages que nous avions réalisés depuis au moins décembre 2010 mettaient Macky Sall en deuxième position. Au second tour, quand on interrogeait les Sénégalais, Macky Sall était le seul à battre Abdoulaye Wade. Ces sondages de décembre 2010 ont été confirmés par ceux d’août 2011. Mais il fallait choisir selon des critères objectifs. Quand il y a eu le second tour nous avons pensé que par devoir et par souci de cohérence et pour rester logiques avec nous-mêmes, il nous fallait soutenir Macky Sall. Il a des qualités de leadership et une constance. C’est surtout la constance avec laquelle il a travaillé contre le régime pour le faire partir. Nous avons travaillé pour que tout le monde soutienne Macky Sall d’abord. Ensuite pour que les guides religieux ne se prononcent pas en faveur d’Abdoulaye Wade. Parce que nous pensions que çà pouvait servir de prétexte pour un coup de force. Tout ce travail a été heureusement bien mené. Il y a parmi eux un qui était incontrôlable et impossible de raisonner de toute manière qui a soutenu Abdoulaye Wade. Mais çà n’a pas servi à grand-chose.
Aujourd’hui Macky Sall est déjà au pouvoir et on parle du poids des lobbys dans la formation du premier gouvernement, comment appréciez-vous la composition du premier gouvernement ?
Je salue la générosité et surtout l’esprit de dépassement qui a prévalu chez Macky Sall. Il y a 25 postes de ministres, son parti en a onze. Vous voyez donc l’ensemble de Benno Bokk Yaakaar qui est aussi une organisation qui regroupe le parti Apr, d’autres organisations et des partis politiques. L’ensemble pris, c’est onze ministères.
Pour certains, c’est juste un partage du gâteau...Le souci, ce n’est pas tant dans la façon de figurer le gouvernement, l’attelage gouvernemental et l’organigramme, ce n’est pas tant la représentation des partis, que la présence de compétences avérées dans le gouvernement. La personne morale qui dirige aujourd’hui le gouvernement, le Premier ministre a été choisi en dehors des partis politiques. Je pense que cette décision, au-delà de certaines considérations que je trouve parfois mal venues, est pertinente. Macky Sall aurait pu se dire, j’ai gagné, je suis président de la République, je nomme à la tête du gouvernement un homme politique ou même un homme de confiance dans mon parti. Il est allé chercher un homme qui a fait ses preuves dans le privé, qui a fait preuve de sa compétence, de sa probité morale. Je pense qu’il fait l’unanimité sur cette question. J’ai discuté longuement entre les deux tours avec celui qui est devenu le Premier ministre. Nous avons parlé des questions du pays, des problèmes de gestion qu’il y avait. Je suis heureux que ce soit lui qui ait été désigné Premier ministre du Sénégal. J’ai félicité et remercié le président de la République pour ce choix. J’ai vu des attaques répétées contre lui quand certains avaient compris qu’il s’était levé et qu’il avait décidé de se ranger du côté des forces patriotiques. Je pense qu’il a été injustement combattu. Il est normal qu’on le critique, il n’est sans doute pas un homme parfait. Comme le président de la République d’ailleurs, n’en est pas un, mais ce que j’ai distingué chez lui, c’est sa capacité d’écoute. Qu’il continue à écouter les populations, à écouter ses conseillers. Ce qui se passe dans le phénomène de cour, c’est que par le retournement de la situation, même le gardien du président de la République finit par avoir plus d’importance que même son premier ministre. C’est le phénomène de corruption qui se produit dans l’entourage des chefs d’État souvent en Afrique et qui finit par les rendre aveugles parce qu’on les isole de la vérité, de la réalité du pays.
Mais dites, sur quoi vous êtes-vous entendu avec le Président Macky Sall qui vous a reçu en audience ?Je lui ai dit pour le mettre à l’aise, qu’on peut servir son pays à plusieurs niveaux. Ce n’est pas nécessairement dans un gouvernement. Parce que je comprends la difficulté qu’il y avait à mettre en place un gouvernement de 25 personnes quand il y a des milliers de Sénégalais méritants sans doute tous aptes peut-être à occuper ces fonctions.
Vous pensiez un poste de ministre en lui disant çà ?Non, je ne voulais pas. Je n’en ai jamais, jamais, voulu et je ne le veux pas. J’ai été clair sur cette question. Mais lui pensait dans sa générosité que le combat que j’ai mené et ce que j’ai acquis comme capitale sympathie pouvaient servir à un niveau comme çà. Mais on peut servir son pays différemment et à d’autres niveaux. De toutes les manières j’ai travaillé pour qu’il soit élu. Pour rester logique et cohérent, je dois travailler pour qu’il réussisse.
Fini l’opposition alors ?Sa réussite est la réussite des Sénégalais. Momar Dieng (Ndlr, rédacteur en chef), vous étiez à Walfadjri avec moi. C’était ma position avec Abdoulaye Wade quand il est arrivé au début. Il y a des gens qui sont là et qui connaissent mes positions de l’époque. Je l’avais soutenu à bouts de bras en pensant qu’il fallait le faire pour le bien de tous les Sénégalais. Quand j’ai vu qu’il y avait une déviation par rapport à la ligne originelle qui était tracée, j’ai pris mes distances et je suis parti. Je pense que je dois aider Macky Sall. J’ai un capital, par le fait du hasard et des circonstances, sympathie dans le pays auprès des couches populaires, de certaines élites. J’ai aussi acquis une certaine expérience dans le pays par ma longue pratique de la vie politique.
Vous pourriez être chargé de mission par exemple ?Modestement non. Je pense que je peux aider. Je refuse d’être à un niveau de décision ou d’exécution. Je pense que ce que je sais faire, je peux le faire au niveau où le Président de la République le voudra. Je suis préoccupé par la question casamançaise. Je la connais très bien. Je veux m’impliquer personnellement pour le règlement de cette crise. J’ai des attaches dans différents milieux et je veux me faire le porte-parole des populations auprès du Président de la République. Il a souhaité que je vienne l’aider en partageant mes idées.
Un monsieur Casamance alors ?

Non, je donne mes avis. Vous vous êtes absenté pendant huit ans. En 2002, vous avez fait une interview avec l’Abbé Diamacoune et il était très difficile d’avoir une personnalité comme çà.
Maintenant la donne a changé au niveau du Mfdc. Est-ce que vous ne vous sentez pas un peu largué par rapport à cette question ou avezvous toujours des relations au sein du mouvement ?J’étais aux deux sommets de Banjul (Ndlr, en 2000 ?) où la décision de remplacer l’Abbé Diamacoune et d’en faire le président d’honneur du Mfdc a été prise. J’ai couvert ces deux sommets. Les nouveaux acteurs qui sont arrivés à la tête du Mfdc, je les connais. Mais j’entretenais aussi des relations avec Nkrumah Sané et avec des gens du maquis. Par le fait du hasard, ce sont des gens de ma famille, ce sont des parents. L’Abbé Diamacoune, je l’ai connu chez ma grand-mère. Ce sont donc des parents, des amis et d’anciens camarades de classe qui sont aujourd’hui à la direction du Mfdc. J’ai toujours prôné la ligne défendue aujourd’hui par le Président de la République, c’est-à-dire un dialogue inclusif. J’avais dit à l’ancien Président dès le début qu’on ne peut pas faire la paix en Casamance en écartant des Casamançais. L’erreur à la base qui a été faite, c’est d’avoir non seulement écarté Salif Sadio, mais d’avoir toute de suite lancé un mandat d’arrêt contre lui et contre Nkrumah Sané, alors qu’ils étaient des acteurs du conflit casamançais. Sans le dire, j’ai travaillé ces dernières années à rapprocher le Président Abdoulaye Wade et Nkurumah Sané parce qu’il y avait entre eux un conflit d’argent qui a été réglé parce que je m’y suis mis.
Qui a été réglé comment ?Abdoulaye Wade a payé la dette due à Nkurumah Sané. Salif Sadio, vous connaissez l’histoire de Baracadi Mandjoka. Mon fils qui est là est né alors que j’étais à Sao Domingo pour suivre les négociations entre les rebelles et la partie gouvernementale dirigée par Laye Diop Diatta qui est un oncle. C’est juste un aspect du travail qu’il faut faire. Le Chef de l’État a déterminé comme priorité des priorités le règlement de la question casamançaise. Je connais assez ce problème, les gens à quelques niveaux que ce soit. Ces dernières années, j’ai continué à travailler, à discuter avec les responsables du Mfdc.
Quels sont les problèmes de sécurité qui se sont posés, au point qu’aujourd’hui encore, vous vous sentiez menacé ? On a l’impression que malgré la chute de Wade, vous n’êtes pas encore rassuré...J’ai adopté des points de vue très radicaux, non seulement vis-à-vis du pouvoir qui était là avec des moyens d’agir pour me nuire. Vous savez que j’ai été violemment agressé à Chicago, à l’étranger, alors vous imaginez que si ces gens avaient la possibilité de m’avoir ici, ils l’auraient fait, même à présent qu’ils sont “partis”. Il y a aussi que j’ai tenu des positions par rapport à certains hommes très violents, je parle de ceux qui marchaient avec des battes de base-ball (rires), qui ne sont pas contents et peuvent encore être tentés de se venger. C’est pourquoi le président de la République lui-même a pensé qu’il fallait donc un minimum de sécurité pour garantir mon intégrité physique.
Souleymane Jules Diop, vous avez passé huit ans au Canada, on peut imaginer que ce n’était pas facile. Surtout que vous avez quitté Dakar dans des conditions assez spéciales...Quand je quittais Dakar, le 05 mai 2004, j’étais sous la menace de ces hommes là du Palais, qui ont après crée des journaux qui passaient leur temps à m’insulter et qui sont allés voir le PM de l’époque pour me menacer directement. Quand je partais, j’ai été accompagné à l’aéroport par un agent de l’ancienne DGSE française qui était, en réalité, le conseiller adjoint à la défense du 1er président de la République. Aujourd’hui, je peux le dire parce que cet agent sert maintenant en Thaïlande. Il m’a vraiment protégé parce que les services français à Dakar se souciaient de ma vie, puisqu’à cette période nous avons beaucoup travaillé ensemble. Eux se souciaient de la stabilité du Sénégal et des conséquences d’une rupture entre le 1er ministre et le président de la République. Et ils m’ont raccompagné jusqu’à l’aéroport de Dakar. Dans les semaines qui ont suivi mon départ, j’ai dit à un de mes amis d’aller chercher des documents chez pour les confier à une de nos connaissances communes. Je l’ai appelé à midi, il est allé chez moi vers 20h et, sur place, m’a appelé pour me demander si l’adresse que je lui avais communiqué était la bonne parce qu’il n y avait plus rien dans mon appartement. Mon domicile avait été complètement vidé. Et, je me rappelle, ma mère qui s’inquiétait pour moi, m’avait dit que si je jamais je m’avisais de rentrer sur Dakar, j’allais directement aller en prison. On a tous vu que beaucoup d’anciens collaborateurs du PM en question ont fini en prison et même, d’ailleurs, un journaliste qui ne l’avait rencontré qu’une fois dans sa vie a du faire 6 mois derrière les barreaux. Alors vous imaginez le sort de son conseiller en communication…
Avec le recul, avez-vous une idée des causes profondes de vos problèmes avec l’ancien régime ?Abdoulaye Wade avait, pour une raison que j’ignore, pensé que toute la machine derrière Idrissa Seck, c’était moi alors qu’en réalité, c’était une fausse perception. Ce n’était pas le cas. Il m’avait donné des pouvoirs que je n’avais pas. J’avais des amis dans la presse, c’est vrai. Je faisais mon travail mais je n’avais pas l’importance qu’on me donnait. Et c’est tout ça qui a fait que je me suis retrouvé à l’étranger. J’ai écrit un livre sur le président de la République qui n’a pas plu. J’ai écrit plein d’articles et l’ensemble de ces actes m’ont valu cette agression à Chicago et cette situation d’exil prolongé dans laquelle j’ai vécu. Il y a aussi eu 4 plaintes déposées à mon encontre devant les tribunaux canadiens à l’origine : il y en a eu une d’Abdoulaye Wade, une de Viviane Wade, une de Karim Wade et une de Syndiely Wade portées par un grand cabinet d’avocats canadiens auxquelles sont, ensuite, venues s’ajouter deux autres plaintes, de Bibo Bourgi et Thierno Ousmane Sy.
Et vous avez pu avoir une vie professionnelle avec toute cette pression ?Evidemment, dans ces conditions, à la fin je ne pouvais même plus travailler. Je répondais tout le temps au tribunal, dont les convocations m’arrivaient jusqu’à la radio où je travaillais. Même là-bas, je souffrais. Vous ne pouvez pas imaginer ce que c’est d’entendre tambouriner à sa porte tôt le matin. J’ai une sonnerie mais je vous jure que l’huissier chargé de me transmettre les convocations qui m’étaient destinées, prenait un malin plaisir à cogner très fort à ma porte dès 7 heures du matin… Vous ne pouvez pas imaginer ce que ça fait, toute cette angoisse. Les lunettes que je porte aujourd’hui en sont le parfait exemple. Je les ai gardées, bien qu’elles ne soient qu’une imitation pas cher, juste pour me souvenir de ce jour où, courant sous la pluie pour arriver à l’heure à une de mes audiences, j’ai dérapé et failli perdre un oeil en m’écrasant au sol. Ça, j’en parle parce que si jamais je n’avais eu ne serait-ce que 15 minutes de retard à mon audience, je suis persuadé qu’on m’aurait condamné. Ils l’avaient déjà fait, profitant de mon repos médical à la suite de mon agression de Chicago, alors que j’étais couché, malade, chez moi pour me faire condamner. Pour en revenir à ces lunettes, elles se sont brisées dans ma chute, j’ai changé les verres mais je les gardées à cause des traces de ma chute sur la monture, pour pouvoir me rappeler de ce que j’ai eu beaucoup de chance.
Cela ne vous a jamais tenté de jeter l’éponge et de vous dire : “je me range” ?Abdoulaye Baldé est mon cousin, Cheikh Diallo un ami… Karim, luimême, nous entretenions de bons rapports… Ils sont tous venus me dire : “excuse-toi et on arrête tout”. J’ai refusé de le faire. Bien après, ils sont revenus, d’autres encore, jusqu’à la veille du 2e tour, ils ont continué à insister en pensant que j’étais fou, que je n’avais rien, que je me battais pour rien, que les Sénégalais ne me méritaient pas. J’ai continué à tenir, au fonds, pas parce que je suis moralement infaillible, ce n’est pas ça, mais parce que, je me suis dit que je serais un moins que rien si je capitulais. Qu’est-ce que j’aurais signifié, valu aux yeux des Sénégalais si, demain, ils apprenaient que j’ai accepté les millions d’un tel et signé ma démission ? Mais c’était facile à faire. Il est arrivé des soirs, quand je me couchais la nuit, de prier pour ne pas me réveiller le lendemain. Ma foi ne me permettait pas le suicide mais j’en suis arrivé à demander à Dieu d’abréger mes souffrances. Je ne peux pas dire tout ce que j’ai enduré. Mais c’était vraiment, vraiment, vraiment dur. Il s’y ajoute qu’ils ont poussé la violence jusqu’à impliquer ma mère dans le combat. Je ne l’ai jamais dit avant mais, tous les soirs pendant des années, les gens de Wade l’appelaient avec des puces jetables pour l’insulter. C’était douloureux mais, devant elle, je n’ai jamais voulu toute cette souffrance occasionnée par la situation. Il s’y ajoute que ma mère que j’aime énormément a eu un cancer qui lui a été déclaré. Ma mère et moi nous battons comme un bloc. Plusieurs médecins l’ont vue et tous l’ont condamnée, disant que c’était perdu. Moi, je lui disais toujours : “non, ce n’est pas fini”. Et elle me répondait qu’elle ne voulait pas mourir là-bas à l’étranger, au Canada, mais dans son pays. Je me suis battu pour qu’elle reste à mes cotés, même quand elle me disait des choses comme “si je meurs dans ce pays sa va te coûter trop cher”… je lui répondu que ça n’arriverait pas, et que même si ça arrivait, je vendrais ma dernière paire de chaussure pour l’enterrer avec dignité. C’est ce que je lui ai dit.Nettali



1.Posté par Papy1 le 09/04/2012 03:01 | Alerter
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Enfin Vieux Guerrier..DIEU t'a exhauser et a soulager tes souffrances. Aussi dites vous pendant ces momments de galeres tu as eu de bons amis qui t'ont soutenu en plus d'une large audience qui te lisait et te comblait de bonnes paroles et d'encouragements. Le temps est venu de les remercier TOUS en se mettant aussi dans la tete que beaucoup d'autres senegalais comme toi ont autant soufferts sous les griffes de Wadeland tel notre vaillant compatriote Bara Tall qui a tout perdu dans son noble combat pour la verite et la justice.
Nous remercions Le Bon DIEU de nous avoir debarasser de cet peste Wadienne qui etait certes envoyer parmi nous pour tester la patience et la determination de tous les senegalais. Enfin DIEU Merci nous respirons une nouvelle air..
Big Up Brother Jules, Welcome Home et au travail.

2.Posté par Khadim USA le 09/04/2012 16:14 | Alerter
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Jules tu mens sur tout ce que tu avances stp crainsDieu et saches qun jour tu vas mourir . Tu essaies dentrainer dan sle cercle restraint de Macky pour le likider et faire reigner IDy mais saches que cest peine perdue .

On comprend tres bien ton jeu espece de cafard et partisan du moindre effort

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