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« Un moment décisif pour accélérer l’ère des énergies propres » (António Guterres, Secrétaire général de l’ONU)

Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Juillet 2025 à 00:32 | | 0 commentaire(s)|

« Un moment décisif pour accélérer l’ère des énergies propres » (António Guterres, Secrétaire général de l’ONU)
L’énergie a toujours façonné le destin de l’humanité – du feu à l’atome, en passant par la vapeur. Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre devant nous : l’ère des énergies propres.
 
L’année dernière, la quasi-totalité des nouvelles capacités électriques provenant des énergies de production était renouvelable. Les investissements dans les énergies propres ont grimpé en flèche pour atteindre 2 000 milliards de dollars : c’est 800 milliards de plus que pour les énergies fossiles.
Le solaire et l’éolien sont désormais les sources d’électricité les moins chères de la planète. Les filières de l’énergie propre créent des emplois, stimulent la croissance et alimentent le progrès, alors même que les combustibles fossiles continuent de bénéficier de subventions bien plus importantes.
 
Les pays qui s’accrochent aux énergies fossiles ne protègent pas leur économie, ils la sabotent. Ils freinent ainsi leur compétitivité et passent à côté de la plus grande opportunité économique du XXIe siècle.
 
L’énergie propre, c’est aussi la sécurité et la souveraineté énergétiques. Les marchés des combustibles fossiles sont à la merci des chocs de prix, des ruptures d’approvisionnement et des tensions géopolitiques, comme nous l’avons vu lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. Mais la lumière du soleil n’est pas sujette aux flambées de prix, le vent n’est soumis à aucun embargo, et presque tous les pays ont suffisamment de ressources renouvelables pour devenir autosuffisants.
 
Enfin, l’énergie propre stimule le développement. Elle peut permettre à des centaines de millions de personnes privées d’électricité d’y accéder rapidement, à moindre coût, et de manière durable – notamment grâce aux technologies solaires hors réseau et à petite échelle.
Nous le voyons : rien ne peut arrêter la transition énergétique. Mais cette transition n’est encore ni assez rapide, ni assez équitable. Les pays en développement sont laissés de côté. Les systèmes énergétiques restent dominés par les énergies fossiles. Les émissions continuent d’augmenter alors qu’elles doivent chuter pour éviter une catastrophe climatique. Pour remédier à cela, nous devons agir sur six fronts.
 
Premièrement, les gouvernements doivent s’engager pleinement pour un avenir alimenté par les énergies propres. Dans les mois à venir, chaque pays doit présenter de nouveaux plans climat – ou Contributions déterminées au niveau national – avec des objectifs pour la prochaine décennie. Ces plans doivent être alignés sur la limitation du réchauffement global à 1,5 degré Celsius, couvrir tous les secteurs et émissions et tracer la voie vers la transition énergétique. Les pays du G20, qui sont responsables de 80 % des émissions mondiales, doivent montrer l’exemple.
 
Deuxièmement, nous devons bâtir les systèmes énergétiques du XXIe siècle. Des réseaux modernes et des capacités de stockage sont indispensables pour exploiter tout le potentiel des énergies renouvelables. Mais pour chaque dollar investi dans les énergies renouvelables, seulement 60 cents sont consacrés aux réseaux et au stockage. Le ratio devrait être d’un pour un.
 
Troisièmement, les gouvernements doivent répondre à la demande croissante en privilégiant les renouvelables. Les grandes entreprises technologiques ont également un rôle à jouer. D’ici à 2030, les centres de données pourraient consommer autant d’électricité que le Japon aujourd’hui. Les entreprises devraient s’engager à alimenter ces centres avec des énergies renouvelables.
 
Quatrièmement, nous devons mettre la justice au cœur de la transition énergétique. Cela demande d’aider les populations qui dépendent encore des combustibles fossiles à se préparer à l’ère de l’énergie propre. Et cela exige de transformer en profondeur les chaînes d’approvisionnement en minerais critiques. Aujourd’hui, ces chaînes sont entachées d’atteintes aux droits humains et de dégradations environnementales, et les pays en développement sont relégués en bas des chaînes de valeur. Il faut que cela cesse. 
 
Cinquièmement, nous devons mettre le commerce au service de la transformation énergétique. Les chaînes d’approvisionnement en énergie propre sont trop concentrées, tandis que le commerce mondial se fragmente. Les pays mobilisés en faveur d’une nouvelle ère énergétique doivent coopérer pour diversifier ces chaînes d’approvisionnement, réduire les droits de douane sur l’énergie propre et moderniser les traités d’investissement afin qu’ils soutiennent la transition.
 
Sixièmement, nous devons diriger les investissements vers les pays en développement. L’Afrique, qui abrite 60 % des meilleures ressources solaires, n’a reçu que 2 % des investissements dans les renouvelables l’année dernière. Une mobilisation internationale s’impose – pour éviter que le remboursement de la dette ne paralyse les pays en développement, et pour que les banques multilatérales de développement puissent prêter beaucoup plus et mobiliser des financements privés à grande échelle. Les agences de notation et les investisseurs doivent également moderniser leurs procédures d’évaluation des risques, afin de tenir compte du potentiel des énergies propres, du coût du chaos climatique et du danger associé aux actifs fossiles échoués.
 
Une nouvelle ère énergétique est à portée de main – une ère où une énergie abondante, propre et bon marché alimente un monde riche en perspectives économiques, où les nations jouissent de la sécurité que procure l’autonomie énergétique, et où l’électricité est un bien commun, offert à tous. 
 
Nous avons aujourd’hui une occasion unique d’accélérer la transition mondiale. Saisissons-la.

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Source : https://www.dakaractu.com/Un-moment-decisif-pour-a...