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Aminata TOURE, Ministre de la justice: "Les conditions sont extrêmement difficiles à Rebeuss"

Rédigé par leral.net le Mercredi 2 Mai 2012 à 17:02 | | 0 commentaire(s)|

Aminata TOURE, Ministre de la justice: "Les conditions sont extrêmement difficiles à Rebeuss"
Mme le ministre de la Justice, Aminata Touré, a rendu visite ce lundi à certains établissements pénitentiaires de Dakar et à la Direction de l’administration pénitentiaire. Des services qui dépendent de son ministère. Elle a fait le tour des services administratifs et des Détentions et s’est fait une religion sur les conditions carcérales. A Rebeuss, elle a trouvé «des conditions de détention extrêmement difficiles».

Un peu après 13 heures, un jeune homme, la trentaine, chemine dans le couloir de la Détention (lieu où sont gardés les détenus). Extirpé d’une cellule grouillante de la prison centrale de Rebeuss, il est habillé d’un tee-shirt rouge et d’un jean bleu à la propreté douteuse. Il tient à la main un sachet bleu en plastique contenant ses effets personnels. Conduit au greffe par un gardien de prison, il est soumis à une dernière formalité d’usage avant de sortir, quelques minutes plus tard, avec une feuille blanche à la main. Un document nommé «levée d’écrou», qui «annule» le mandat de dépôt qui l’a amené dans cette geôle. Ce parchemin lui ouvre grandement les portes de la liberté. Sourire au coin des lèvres, il passe par le poste de police de la Détention, traverse la cour du bloc administratif dallée de «pierres de Rufisque», enjambe le lourd portail d’entrée de la maison d’arrêt de Rebeuss et se retrouve dans la cour extérieur, en face du jardin potager de cet établissement pénitentiaire. Il lui reste à faire quelques vigoureux pas, traverser un dernier portail, celui qui fait face à la Corniche ouest, et le voilà humant l’air pur de la liberté. Cette nuit, le monsieur ne se couchera pas en quinconce. Il pourra observer le coucher du soleil et même profiter d’un bain de minuit, si ça lui chante. Tout le contraire de ces deux jeunes, menottes aux poignets, qui viennent d’être déposés à Rebeuss par des éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Deux jeunes qui, après enregistrement au greffe, ont été conduits au niveau du «chemin de ronde» (couloir qui longe le haut mur de la prison côté corniche) pour la fouille réglementaire. Le chef de cour se charge ensuite de les ventiler dans les cellules. Ils grossissent ainsi le nombre de 1700 détenus disséminés dans 43 chambres aux dimensions variables dans cette prison dont la capacité théorique est de 500 places. Toutefois, ces détenus peuvent espérer de meilleures conditions de détention, pour avoir reçu la visite de Mme le ministre de la Justice, Aminata Touré, qui s’est émue de leur vécu.

Mme le garde des Sceaux, accompagnée de quelques-uns de ses collaborateurs, a, en effet, visité la Direction de l’administration pénitentiaire, la maison d’arrêt de Rebeuss, la maison d’arrêt et de correction pour mineurs de Hann (ex-Fort B), et la maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6. Des services qui dépendent de son ministère. Pour l’occasion, le directeur de l’administration pénitentiaire, Cheikh Tidiane Diallo, s’est mué en guide, après avoir exposé, dans les locaux de la Direction de l’administration pénitentiaire, les maux dont souffre son service. Maux qui ont pour noms : surpeuplement des prisons, vétusté du parc automobile, déficit du personnel, statut obsolète des travailleurs. Cheikh Tidiane Diallo a ainsi demandé à Mme le ministre d’aider l’administration pénitentiaire à construire une prison de 1500 places, une école pénitentiaire et un siège. La dotation de véhicules aux établissements pénitentiaires et la signature du décret qui institue des médailles d’honneur pour l’administration pénitentiaire, figurent en bonne place dans les préoccupations des matons.

Mme Touré s’est engagée à faire ce qui est en son pouvoir pour régler ces questions, dans la mesure des fonds disponibles.
La visite des prisons peut alors démarrer. Au terme de sa tournée à la maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6, elle a déclaré avoir constaté beaucoup d’efforts d’humanisation, même si les conditions de détention sont «extrêmement difficiles» à Rebeuss.

«Il y a des efforts d’humanisation. Mais le surpeuplement rend difficiles les conditions de détention. Les détenus paient leurs dettes envers la société, mais ils restent des humains avec des droits. Même en prison, ils possèdent et posséderont toujours des droits. Il faut que leur dignité humaine soit préservée. Il nous faut, en tant que pays de droit, des conditions de détention humanisées. Il faut que l’Etat fasse des efforts dans ce domaine. L’administration pénitentiaire trouvera en moi un interlocuteur qui saura les accompagner dans sa mission», dit Aminata Touré. Parole d’une ancienne Directrice du Département Genre et Droit Humains du Fonds des Nations Unies pour la Population (Fnuap).


SOURCE:Piccmi.com