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Commentaire ! Un Président à l’endroit (Par Sidy Diop)

Rédigé par leral.net le Mardi 9 Mars 2021 à 13:51 | | 0 commentaire(s)|

Sa prise de parole était attendue et réclamée par de larges franges de la société sénégalaise. Tous espéraient qu’elle ait un effet thaumaturge après ces journées de manifestations inédites pour notre pays. Certains la craignaient aussi, redoutant que le président de la République ne s’inscrive sur une ligne dure de répression des […]

Par Sidy DIOP

Sa prise de parole était attendue et réclamée par de larges franges de la société sénégalaise. Tous espéraient qu’elle ait un effet thaumaturge après ces journées de manifestations inédites pour notre pays. Certains la craignaient aussi, redoutant que le président de la République ne s’inscrive sur une ligne dure de répression des manifestants. Il a finalement joué la bonne partition. Celle de la raison et du réel. Celle de l’empathie et de l’humilité. Pas un mot pour flétrir le comportement des manifestants. S’il s’en est désolé, pointant du doigt le caractère inédit de cette vague de colère, point trop n’en faut ! Il a exprimé plutôt sa compassion et sa compréhension vis-à-vis de cette jeunesse écartelée entre un quotidien sans relief et un avenir en pointillés.

L’humilité, ce mot sans cesse invoqué, serait de reconnaître qu’on a vidé la politique de sa nature pour la réduire aux querelles de pouvoir, aux éclats de la communication, du succès, de l’innovation de façade. On oublie de jeter un regard lucide sur les lignes de fracture qui traversent notre pays de part en part. Le Sénégal est devenu un pays de réussite sociale. Cependant, un pays de réussite sociale, c’est aussi, de façon mécanique, un pays d’humiliation. Notre société célèbre la réussite et la richesse à l’excès. L’individualisme qui a pris le pas dans la société sénégalaise valorise la réussite personnelle et, dans le même temps, stigmatise les échecs. Résultat : il éloigne les citoyens les uns des autres. Le culte de la réussite sociale a favorisé le dépérissement des solidarités et le délitement du lien social. Les Sénégalais les plus pauvres sont de plus en plus fragiles et de moins en moins aidés ou soutenus comme par le passé. Nous assistons à une nouvelle société sénégalaise non pas d’inclusion et du vivre ensemble, mais d’exclusion et de rejet. Notre mode de vie, fondé sur plusieurs solidarités (fraternelles, familiales, amicales, etc.), est menacé. C’était notre filet social, notre protection sociale. Il tend à disparaître en installant une peur du lendemain, une dépression collective face à la rigueur de la vie. Et, il faut le dire, ce sont les jeunes qui sont les victimes expiatoires de cette société qui humilie ses fils qui n’ont pas eu l’heur d’être visités par Dame fortune.

Une transition humaine et sociale s’impose donc. Notre pays doit se resolidariser, non pas par générosité, mais par nécessité. Le Président de la République a compris cette nécessité : « Je mesure les difficultés quotidiennes dans nos villes et nos campagnes. Je sais ce qu’est la vie dure dans nos quartiers. Je comprends la colère de nos banlieues ». Sa promesse de réorienter la politique budgétaire pour consacrer plus de ressources à la formation et à l’emploi des jeunes est déjà une première réponse à cette demande qui s’est exprimée de manière si violente ces derniers jours.

L’autre réponse forte du discours, dans un contexte de résurgence des clivages communautaires, c’est son attachement aux « valeurs du vivre ensemble dans la paix, la sécurité, la liberté, la démocratie, la tolérance  et le respect de nos diversités ».  Notre pays peut choisir de se disperser, façon puzzle, en catégories, sociologies, communautés, jalouses et méfiantes les unes des autres. Il peut aussi se souvenir de ce qui nous lie : une culture, une géographie, un art de vivre, un héritage. Le Chef de l’État l’a dit, « nous sommes une seule famille, et nul d’entre nous ne peut avoir un destin séparé de celui de la Nation sénégalaise ».

Gardons à l’esprit que quand tout s’écroule, que l’économie est par terre, que la peur et la faim les tenaillent, les grands peuples sont capables de tout, du meilleur comme du pire, souvent du pire. Il faut, dans ces moments de basculement, des leaders lucides, capables de recoudre le patchwork des divergences pour engager leurs pays sur le chemin de la résilience et du renouveau. Le chef est le repère et le recours. Le repère doit être fixe, le recours stable. Le Président Sall a été à l’endroit dans ses habits de Chef de l’État du Sénégal.



Source : http://lesoleil.sn/commentaire-un-president-a-lend...