Leral.net - S'informer en temps réel

L'Égypte annonce l'abattage de tous les porcs du pays

Rédigé par leral.net le Jeudi 30 Avril 2009 à 07:14 | | 0 commentaire(s)|

Traumatisée par les ravages de la grippe aviaire, l'Égypte a décrété, mercredi, l'abattage "immédiat" des 250 000 porcs que compte le pays afin de se protéger du virus H1N1. Il s'agit du premier État au monde à adopter une telle mesure.


L'Égypte annonce l'abattage de tous les porcs du pays
AFP - L'Egypte a décidé mercredi l'abattage "immédiat" de son cheptel de porcs, estimé à environ 250.000 bêtes, pour éviter l'apparition de la grippe porcine sur son territoire, devenant le premier pays au monde à prendre une telle mesure.

"Il a été décidé de commencer immédiatement à égorger tous les porcs en Egypte, en faisant tourner les abattoirs à leur maximum", a déclaré à la presse le ministre égyptien de la Santé, Hatem el-Gabali, après une réunion avec le président Hosni Moubarak.

Les autorités sanitaires d'Egypte, où aucun cas animal ou humain de grippe porcine n'a pour l'instant été rapporté, ont également décidé d'entamer une campagne de sensibilisation sur le virus et d'augmenter la production de masques chirurgicaux et de Tamiflu, selon M. Gabali.

Le ministre, dont le pays est l'un des plus touchés au monde par la grippe aviaire, a estimé que la situation était "grave" et que l'Egypte "prenait (la menace) très au sérieux".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a confirmé mercredi 114 cas de grippe porcine dans le monde, dont un mortel sur 64 aux Etats-Unis, et sept mortels sur 26 au Mexique, foyer de l'épidémie.

Les premiers cas au Proche-Orient ont été confirmés mardi en Israël chez deux hommes âgés de 26 et 49 ans, rentrés récemment du Mexique.

Plusieurs pays, notamment asiatiques, ont décidé d'arrêter les importations de porc en provenance du Mexique et de certains Etats américains.

Or, les élevages de porcs ne sont pas, jusqu'à preuve du contraire, responsables de l'épidémie de grippe, selon le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Bernard Vallat.

Le directeur général adjoint de l'OMS, le le Dr Keiji Fukuda, a souligné mercredi que son organisation n'avait connaissance d'"aucune personne contaminée par des porcs".

"Il semble qu'il s'agisse d'un virus qui se transmet d'une personne à l'autre", a-t-il déclaré.

La chambre basse du Parlement égyptien avait tout de même appelé mardi à abattre "immédiatement" les quelque 250.000 porcs élevés dans le pays comme mesure de prévention.

La majorité des 80 millions d'Egyptiens sont des musulmans, dont la religion interdit de manger du porc. Les chrétiens constituent de 6 à 10% de la population selon les évaluations.

Des éleveurs de porcs aux abords du Caire, en majorité des trieurs d'ordures chrétiens, se sont dits révoltés par la décision du gouvernement.

"Nos porcs sont en bonne santé, ils sont tout notre capital et ils ne sont pas malades", a ainsi affirmé à l'AFP Adel Ishak, de Manchiyet Nasr, dans le nord-est du Caire.

"Comment vont-ils remplacer ce capital si les porcs sont tués?", a ajouté, furieux, ce père de dix enfants.

Ayman Saad, qui possède un élevage de porcs à Batn al-Baqqar, a affirmé que les autorités lui avaient assuré qu'il recevrait une compensation de 600 livres égyptiennes (environ 80 euros) par porc abattu.

Mais les autorités égyptiennes n'ont pas confirmé avoir fait d'offre de dédommagements aux éleveurs.

Le virus de grippe porcine continue de se développer et n'a montré "aucun signe de ralentissement", a estimé mercredi l'OMS, qui reste pour l'instant "en phase d'alerte 4" sur une échelle de six face à la grippe porcine.

L'appellation de la grippe continue en même temps de susciter le débat, de nombreuses voix s'étant élevées pour récuser le nom de "grippe porcine" adopté par l'OMS, invoquant notamment les conséquences économiques considérables pour les producteurs de porcs dont certains commencent à être touchés.