Leral.net - S'informer en temps réel

Réponse de Idrissa Seck à Hippolyte Seck: "Le musulman que je suis demande au chrétien de lui pardonner"

Rédigé par leral.net le Vendredi 1 Août 2014 à 10:55 | | 23 commentaire(s)|

Réponse de Idrissa Seck à Hippolyte Seck: "Le musulman que je suis demande au chrétien de lui pardonner"
Cher Hippolyte Seck

Vous avez rappelé, à juste titre, que pendant des années, tous les matins, on me faisait réciter au collège Saint Gabriel de Thiés le "Notre Père" et le "Je Vous Salue Marie" qui ont fini par être gravés dans ma mémoire.

Notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du mal.

(Car c'est à toi qu'appartiennent :
le règne la puissance et la gloire,
Aux siècles des siècles.
Amen.)

Le musulman que je suis demande au chrétien que vous êtes, enfant du Livre, comme moi, de lui pardonner s'il vous a offensé comme il vous pardonne, aussi, vos offenses. Je n'ai aucune gêne à réciter le "Notre Père" à cause du verset coranique qui dit:

"...invoquez Dieu comme vous invoquez vos pères, et plus ardemment encore..."

Et je n'ai donc aucune gêne à demander pardon à quiconque se sent offensé par moi et suis prêt à pardonner les offenses qui me sont faites.
Imaginer que je puisse comparer Jésus Christ à Karim Wade est un raccourci que seule l'émotion qui obstrue la raison autorise. Pour le musulman que je suis, Jésus fils de Marie, fortifié de l'esprit saint par son Seigneur, confirmateur des vérités divines antérieures et annonciateur de celles futures n'est certainement pas à comparer à Karim Wade.
Mais sa vie est une source d'inspiration permanente pour moi. Je la scrute sous tous les angles et m'interroge en permanence sur les raisons qui ont poussé les rabbins et les riches commerçants de Jérusalem à aller le dénoncer auprès des autorités romaines qui ont fini par le crucifier. Et parmi les raisons que j'ai pu déceler, la menace de leur prendre leurs fidèles au moyen de miracles jusqu'alors attendus exclusivement de Dieu. Leurs dénonciations, bien évidemment à tort, et la crucifixion qui en a été la conséquence, bien évidemment à tort, suggère à tous les hommes et en particulier ceux d'Etat de prêter attention à ce qu'ils révèlent de leurs attributs car autour d'eux, ceux dont la manifestation desdits attributs menacent les intérêts ne manqueront pas de comploter contre eux comme le firent les rabbins de Jérusalem autour de Jésus. Tous les prophètes, d'Adam à Mouhammad, parce qu'ils montrent par leur vie et leur exemplarité les vertus qui doivent irriguer notre conduite, sont pour nous musulmans, des modèles à suivre.
Se référer à eux n'est pas en conséquence synonyme de se comparer à eux ni comparer qui que ce soit d'autre à eux. Je continuerai à faire référence à Jésus encore et encore en ce qu'il est un trésor de référence et de sagesse commun à nous tous.
Vous n'avez rien à craindre de moi. Ma responsabilité première d'homme politique et d'Etat est de rassembler le peuple sénégalais, de veiller à son unité et à son harmonie dans le respect de sa diversité. Le bien le plus précieux de notre peuple est sa stabilité qui découle de la paix et de l'harmonie entre ses diverses composantes. C'est bien pour cela que 95% de musulmans avec à leur tête leurs guides confrériques se sont choisis un chrétien comme premier Président de la république du Sénégal indépendant pendant 20 ans. Et un deuxième Président marié à une catholique. Le Sénégal n'a jamais connu de conflits ethniques, religieux ni de coup d'Etat militaire.
Il s'y ajoute qu'en terre d'islam le Prophète musulman a toujours assuré aux gens du Livre, juifs et chrétiens, une sécurité et une liberté de conscience. Retenez que dans ma propre famille et dans mon premier cercle d'amis, je compte beaucoup de chrétiens et nous nous assurons, mutuellement, paix, respect et sécurité.
Je vous salue, cher Hyppolite et vous demande fraternellement de prier pour moi et de transmettre mon "Je Vous Salue Marie" à qui de droit.

Idrissa Seck