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Senghor voulait "blanchir à tout prix" Dakar (essayiste)

Rédigé par leral.net le Lundi 21 Mai 2012 à 19:21 | | 0 commentaire(s)|

Léopold Sédar Senghor (1906-2001) tenait à "blanchir à tout prix" Dakar, en donnant à ses symboles les noms de figures coloniales françaises, déclare l’écrivain sénégalais El Hadji Samba Khary Cissé dans un nouvel essai à charge contre la francophilie prononcée de l’ancien président de la République du Sénégal (1960-1980).


Senghor voulait "blanchir à tout prix" Dakar (essayiste)
‘’Après [la réhabilitation de Lat Dior], c’est un vide abyssal. Senghor cherchant à blanchir à tout prix sa capitale : avenues Roume, Faidherbe, Wiliam Ponty, Albert Sarraut… Rues Parchappe, Léo Frebenius…’’, fait observer Cissé dans ‘’Confessions d’un +sale nègre+. Plaidoyer pour la différence’’, un livre de 235 pages publié par les éditions Favre.

L’auteur salue la volonté de réhabiliter des héros sénégalais ou noirs pour saluer leur mémoire ou combat, mais il continue de dénoncer les noms d’Européens controversés, parrains de rues ou places de la capitale sénégalaise.

‘’Décors et symboles : le résistant Lat Dior, c’est le héros national du Sénégal. La garde présidentielle porte la tenue des spahis sénégalais’’, se réjouit Cissé, sans se passer de sa peine.

Senghor n’est pas allé loin dans cet ‘’enracinement’’ au nom duquel Lat Dior Ngoné Latyr Diop est érigé en héros national, selon El Hadji Samba Khary Cissé, un Sénégalais résident en France, généticien de son état.

Ces personnalités immortalisées dans les rues de Dakar devraient être l’objet d’une sélection, laisse entendre l’essayiste : ‘’Frobenius disait que l’idée du Nègre barbare est une invention européenne [et que] ces Nègres-là sont civilisés jusqu’à la moelle des os. Cette parole mérite bien une rue à Dakar.’’

‘’Mais Albert Sarraut, lui, que vient-il faire dans cette liste ?’’, se demande-t-il, comme certains de ses compatriotes qui ont même appelé à revoir la copie de Senghor, en débaptisant certains symboles.

‘’C’est que +Albert Sarraut+, dans le cerveau du nègre aliéné, le nègre à la tête labourée, c’est plus joli que +Coumba Ndoffène Diouf+’’, écrit encore Cissé, présenté par son éditeur comme ‘’un essayiste engagé dans la réflexion sur la place du devenir de l’homme dans les sociétés modernes’’.

Auteur aussi d’un essai publié en août 2010 chez L’Harmattan, ‘’Un islam fidèle et moderne’’, Cissé dénonce encore le penchant culturel pro-occidental ou européen de l’un des théoriciens de la Négritude. ‘’D’ailleurs, avoir une femme blanche ou assimilable à l’époque de Senghor était devenu l’un des moyens les plus rapides pour une promotion sociale et/ou politique.’’

‘’Les langues nationales sont muselées’’ au Sénégal par Senghor, quoique le poète-président fut ‘’partisan actif’’ de la Négritude, qui comprenait ‘’la valorisation des langues nationales’’.

‘’Senghor ne fait pas partie de ses idoles’’, constate le journaliste Venance Konan, actuel directeur du quotidien ivoirien Fraternité Matin, préfacier de l’ouvrage de Cissé.

L’auteur des ‘’Confessions d’un +sale nègre+. Plaidoyer pour la différence’’, selon Konan, ‘’range’’ Senghor ‘’dans la catégorie’’ de ‘’ceux qui ont cru se sauver d’eux-mêmes en se reniant complètement, en essayant, malgré leur couleur de peau qui ne prêtait à aucune équivoque, de se camoufler derrière une culture européenne très bien assimilée’’.

Dans un essai intitulé ‘’Ce que je crois’’, publié chez Grasset en 1988, Senghor, alors membre de l’Académie française, montrait son admiration pour les ‘’vertus de la Francité : l’esprit de méthode et d’organisation, et bien d’autres valeurs encore [...] en France, mais aussi aux Etats-Unis’’ d’Amérique.



SOURCE:Aps
P.-S.
ESF/SAB